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Journée mondiale

Troubles bipolaires : dix ans pour poser le diagnostic

Par Audrey Vaugrente

La maladie, qui touche un million de personnes en France, reste  encore encore mal reconnue.

Nicola Jones/Flickr

Armé d’un rasoir, l’homme s’est sectionné l’oreille. Sept mois plus tard, il met fin à ses jours. Ce parcours, tous les Français le connaissent. C’est celui de Vincent Van Gogh, né un 30 mars. Longtemps décrit comme simplement « fou », le peintre était en fait atteint de trouble bipolaire. Reconnu grand peintre après sa mort, il est aujourd’hui le porte-étendard des patients atteints de ce trouble mental.

Le jour de sa naissance est aussi devenu celui de la journée mondiale dédiée aux troubles bipolaires. Une maladie psychique qui est considérée, par l’Organisation Mondiale de la Santé, parmi les 10 pathologies les plus invalidantes dans le monde. Pourquoidocteur fait le point en quatre questions.

C’est quoi ? Le terme bipolaire décrit une alternance de deux phases extrêmes chez le patient : l’une dite d’excitation – ou maniaque – et l’autre dite dépressive. Plusieurs semaines, voire plusieurs mois, peuvent séparer ces phases. Le plus souvent sans raison apparente. Selon les patients, les symptômes varient. Mais ils péjorent considérablement l’espérance de vie. Par rapport à la population générale, les personnes qui souffrent de bipolarité vivent 10 à 20 ans de moins.

Qui est touché ? Les chiffres sont variables. Selon la Haute Autorité de Santé, 650 000 à 1,2 million de Français souffrent de trouble bipolaire. Les premiers symptômes apparaissent, généralement, entre 15 et 25 ans. Mais le délai entre ces signes et le diagnostic formel est très long : 10 ans s’écoulent en moyenne. Certaines formes ont une origine familiale et des causes génétiques peuvent exister. Mais plusieurs gènes sont impliqués et influencent la nature des symptômes.

Comment se traite-t-il ? 70 % des patients atteints de troubles bipolaires ont un diagnostic inadapté. Celui-ci s’appuie sur deux classifications internationales et a un impact majeur sur la nature du traitement. Trois familles de médicament sont indiquées : les sels de lithium, les anticonvulsivants et les antipsychotiques atypiques. Ils servent à maîtriser les différentes phases de la maladie, avec un temps d’ajustement. Or, c’est au cours des 5 premières années que les chances de rémission sont les plus grandes.

Est-ce que c’est récent ? La maladie elle-même n’est pas récente. Vincent Van Gogh en est l’exemple le plus illustre, mais elle existait déjà à l’Antiquité. En 1854, une première description intervient : Jean-Pierre Falret évoque une « folie circulaire », permettant de différencier le trouble par rapport à la dépression. Les termes se succèdent jusqu’à 1899. C’est à cette date d’Emil Kraeplin, père de la psychiatrie moderne, sépare les malades en trois groupes, schizophrénie, démence et maladie maniaco-dépressive. Cette dernière dénomination est finalement remplacée, en 1980, par le trouble bipolaire que l’on connaît aujourd’hui.


Ouverture d’un hôpital de jour à Meudon

Un hôpital de jour réservé aux malades bipolaires : c’est ce que propose la Clinique Bellevue de Meudon (Hauts-de-Seine), spécialisée en psychiatrie. La structure proposera aux patients des consultations avec des psychiatres, des addictologues mais aussi des ergothérapeutes, des éducateurs sportifs ou même des art-thérapeutes. Une équipe pluridisciplinaire dont l’objectif est clair, adoucir le quotidien des personnes souffrant de trouble bipolaire. Avec un support quotidien, l’établissement souhaite préserver l’équilibre délicat des patients afin d’éviter les rechutes.