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Accès aux soins : les délais d'attente se sont encore allongés

Par Stéphany Gardier

MOTS-CLÉS :

Mal de gorge, voix enrouée, fièvre. Après avoir espéré que les remèdes de grand-mère et vos talents d’automédication suffiraient, vous vous rendez à l’évidence : il vous faut consulter. Mais il y a pourtant de fortes chances que vos symptômes ne soient plus qu’un mauvais souvenir quand votre médecin pourra vous recevoir. D’après le dernier Observatoire de l’accès aux soins, réalisé par l’Ifop pour le cabinet Jalma, et révélé par Le Figaro, il faut en moyenne 8 jours pour décrocher un rendez-vous chez un généraliste. C’est deux fois plus qu’il y a 5 ans. Une tendance qui se retrouve, dans des proportions bien pires, pour toutes les spécialités.

Les données publiées par Le Figaro le confirment, les ophtalmologues restent les spécialistes les plus compliqués à consulter. Il faut désormais 117 jours avant d’obtenir le précieux rendez-vous. Pour voir un dermatologue, vous attendrez presque 2 fois moins – environ 2 mois – mais c’est tout de même 23 jours de plus qu’en 2012.

De quoi décourager même les plus patients des patients ! L’Observatoire conclut que les délais d’attente sont devenus dans notre pays la première cause de renoncement aux soins. Alors que le coût de la consultation peut freiner une personne sur deux, qu’un tiers des sondés citent le reste à charge, deux tiers des personnes interrogées disent abandonner l’idée de consulter en raison de ces délais de plus en plus longs.

Une situation qui s’explique bien évidemment par la démographie médicale. La population française vieillit et consomme donc plus de soins, mais les médecins vieillissent aussi et les remplaçants ne sont pas en nombre suffisant. Près de la moitié des généralistes a ainsi dépassé les 55 ans, rappelle Le Figaro.

Mais des raisons plus complexes sont également avancées par le président de Jalma, Mathias Matallah. Il cite notamment le développement des « exercices particuliers ». Des actes annexes à la pratique principale du médecin, et dont les tarifs sont totalement libres. Ainsi, si votre généraliste ne peut vous recevoir avant 5 jours pour votre pharyngite, c’est peut-être qu’il réserve une partie de son temps au cabinet pour des consultations de nutrition, de médecine du sport, voire de médecine esthétique. Des activités qui lui permettent d’améliorer sa rémunération, mais qui limite son temps d’exercice dans sa spécialité. « On a écrasé leurs revenus, diabolisé les dépassements d’honoraires et, au bout du compte, déclenché une catastrophe sanitaire », explique Mathias Matallah.

Que le prochain ministre de la Santé se prépare, améliorer l’accès aux soins dans l’Hexagone pourrait bien être la priorité du prochain quinquennat.