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Colorants, phosphates, émulsifiants, nitrites

Additifs alimentaires : quatre substances mises en cause

Par Audrey Vaugrente

Un groupe de journalistes accuse quatre additifs de présenter un risque pour la santé humaine. Tous font l'objet d'une réévaluation à l'échelle européenne.

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Un quart des additifs alimentaires seraient néfastes pour la santé. C’est l’affirmation d’un groupe de journalistes, auteurs d’un livre bilan paru aux éditions Thierry Souccar. Le nouveau guide des additifs tente de faire le tri entre les additifs sans effet sur le consommateur et ceux qui présentent un danger. La tâche n’est pas mince puisque l’équipe a passé en revue 150 études scientifiques, à partir desquelles elle réalise un classement en quatre couleurs. En vert, les additifs qui ne soulèvent aucun soupçon. En rouge, ceux « qu’il vaut mieux éviter ». Entre les deux, du gris et du orange pour nuancer le propos.

Une définition précise

Mais de quoi parle-t-on, au juste ? En alimentation, les additifs correspondent à une définition précise. Selon la direction générale de la Concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), ce sont « des substances qui sont ajoutées aux aliments dans un but technologique : améliorer leur conservation, réduire les phénomènes d'oxydation, colorer les denrées, renforcer leur goût, etc. » Au total, 338 substances différentes sont autorisées sur le marché français.

Sur l’étiquetage, ces additifs se signalent par la présence d’un « E » majuscule, suivi d’un code qui correspond à la substance utilisée. Celles-ci sont classées en cinq grandes catégories : les colorants, les édulcorants, les conservateurs, les antioxydants, les agents de texture (émulsifiants, stabilisants, gélifiants, épaississants). Chacun d’entre eux fait l’objet d’une étroite surveillance, destinée à assurer qu’ils ne présentent pas de risque pour la santé.

4 groupes accusés

Malgré cette surveillance, la littérature scientifique se fait régulièrement l’écho de travaux inquiétants sur certains additifs. Dernier cas en date : E171, aussi connu comme le dioxyde de titane. Selon une étude de l’Inra, l’additif alimentaire, notamment présent dans les bonbons, est capable de traverser la paroi de l’intestin, perturber le système immunitaire et d'induire des lésions précancéreuses chez le rat. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a alors été saisie afin réévaluer le profil de cette substance.

A en croire les conclusions de l’équipe d’auteurs, ce n’est pas le seul produit à soulever des doutes. Ils estiment que quatre types d’additifs sont suspects : colorants, phosphates, émulsifiants et nitrites. Les premiers sont soupçonnés de favoriser des troubles du comportement ou de l’hyperactivité. Les derniers sont accusés de favoriser les cancers.

Une réévaluation générale

Si les édulcorants font l’objet d’un relatif consensus – l’aspartame en particulier – ce n’est pas le cas de tous les additifs. La plupart des travaux portent sur des modèles de souris. C’est le cas, par exemple, d’une étude publiée dans Nature sur les émulsifiants. Elle montre que ces produits modifient le microbiote intestinal des animaux et provoquent une inflammation.

Côté colorants, les soupçons sont mieux fondés. Les colorants caramel, par exemple (E150a, E150b, E150c, E150d) sue transforment en substances néoformées lorsqu’elles sont chauffées. Et celles-ci peuvent s’avérer toxiques. Les phosphates font, quant à eux, l’objet d’une réévaluation de « haute priorité » par l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), dont les conclusions sont attendues fin 2018.

De fait, l’Agence a engagé un travail de réévaluation de « l’ensemble des additifs autorisés », souligne l’Anses. Une tâche de fond qui n’empêche pas de retirer certaines substances de la liste officielle de manière ponctuelle.