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Alliage de titane et de nickel

Dysfonction érectile : un implant pénien réactif à la chaleur

Par Audrey Vaugrente

Un implant pénien innovant est en développement aux Etats-Unis. Exposé à une température supérieure à celle du corps, sa tige se raidit, provoquant l'érection.

pikselstock/epictura

La désormais célèbre pilule bleue a été un précieux recours pour de nombreux hommes confrontés à des troubles de l'érection. Mais elle n’est pas efficace dans tous les cas ou peut-être contre-indiquée. Une des alternatives pour traiter la dysfonction érectile est chirurgicale : l’implant pénien. En 2013, 633 hommes y ont eu recours. L’efficacité est indéniable. Il existe tout de même une place pour l’amélioration de la technique aux yeux de chercheurs américains. Ils ont mis au point une prothèse faite de métal qui réagit à la chaleur. Des tests mécaniques concluants ont été menés. Ils sont publiés dans la revue spécialisée Urology.

Un exosquelette

La dysfonction érectile est un sujet tabou, qui n’en est pas moins fréquent. En France, on estime que 3,5 millions d’hommes en souffrent. Les causes sont nombreuses : âge, diabète, maladie de Lapeyronie, lésions nerveuses, ablation de la prostate… Dans un tiers des cas, les médicaments n’y font rien, souligne l’université du Wisconsin (Etats-Unis), qui a participé aux travaux. Un implant pénien est alors indiqué.

Les chirurgiens français ont majoritairement recours à des prothèses dites gonflable. Elles se composent d’un implant – placé dans les corps caverneux du pénis –, d’une pompe située entre les testicules et d’une poche dans la vessie qui permet de mettre les fluides de l’implant sous pression, provoquant l’érection. Un dispositif plutôt imposant, bien qu'efficace.

L’alternative proposée par les urologues américains se montre plus souple. Elle se compose d’une simple tige, comparable à celle d’un cahier à spirales. Les auteurs la comparent à un exosquelette qui serait composé de « Nitinol », un alliage de nickel et de titane. Ce métal est connu pour son élasticité, et déjà utilisé dans le cadre de chirurgies cardiovasculaires.



Souple à 37 degrés

L’implant mis au point est sensible à la chaleur. A 37 degrés, il reste souple. Mais au-delà de cette température, il se rigidifie instantanément, comme le montre une vidéo tournée par les chercheurs. Ceux-ci ont testé la résistance du dispositif, sa capacité à s’étendre si chauffé et se contracter si rafraîchi. Les tests mécaniques sont concluants.


Placé dans le pénis, l’implant devrait conserver les mêmes capacités. Reste maintenant à trouver le moyen de l’activer à distance. L’équipe travaille à la mise au point d’une sorte de télécommande qui fonctionnerait sur le principe de l’induction. Il suffit d’une élévation de quelques degrés de la température pour parvenir à un résultat probant, soulignent les urologues, qui espèrent une mise sur le marché d’ici 10 ans. D’ici là, il faudra se montrer patient.