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Bonbons : une association "alerte" sur la présence de nanoparticules

Par Stéphany Gardier

Dure semaine pour les parents ! Ce mardi, ils apprenaient que les couches jetables du géant du marché Pampers contenaient des « traces » de produits classés cancérogènes, et voilà que Le Parisien révèle aujourd’hui que les bonbons contiendraient des nanoparticules ! A quelques jours de la fête d’Halloween, l’information ne manquera pas d’interpeller ceux qui s’apprêtaient à faire quelques stocks. Si l’on ajoute à cela les résidus de pesticides dans les mueslis, ce mois d’octobre aura été bien chargé en « révélations » qui pourraient finir par faire croire au consommateur que remplir son chariot est devenu une activité à haut risque. Si tant est que risque il y ait réellement, car ces alertes à répétition soulèvent finalement plus de questions qu’elles n’apportent de réponses.

 

Concernant donc la dernière en date, Frédéric Mouchon, du Parisien, se fait l’écho d’une « enquête » de l’association Agir pour l’environnement. Selon celle-ci, une centaine de confiseries contiendraient du dioxyde de titane, sous forme de nanoparticules. L’association avait déjà en juin 2016 publié une « enquête exclusive » sur la présence de ces molécules dans des produits de consommation courante.

Les analyses réalisées par un laboratoire indépendant situé à Trappes (Yvelines) confirmaient effectivement la présence de dioxyde de titane dans des biscuits, épices, plats préparés et chewing-gums. La démarche, si elle semble scientifique, peut tout de même interpeller : quelle représentativité peut avoir l’analyse de 4 produits seulement ? Mais c’est surtout les résultats qui posent question. Les analyses n’ont en réalité fait que confirmer ce qu’indiquaient bel et bien les emballages, à savoir la présence de E171. Le dioxyde de titane n'est en effet ni plus ni moins qu'un colorant, mais dit comme cela, c'est moins effrayant.

Cet additif alimentaire apparaît de la même manière sur les paquets des bonbons incriminés par Agir pour l’environnement. Il n'y a donc pas de fraude : les fabricants ne cachent donc pas la présence de dioxyde de titane dans leurs produits. Ce qui inquiète l’association, c’est le produit en lui-même. « Le dioxyde de titane a été classé cancérigène probable et on le suspecte d'avoir des effets toxiques sur l'ADN et les cellules », souligne dans Le Parisien Magali Ringoot, coordinatrice des campagnes de l'ONG. Elle enfonce le clou : « Sa présence sous forme nanométrique augmente sa dangerosité, car il est capable de franchir les barrières de l'intestin, du cerveau et des reins et de s'accumuler dans l'organisme ». Une affirmation lourde de conséquences, surtout pour le consommateur, mais dont on aimerait connaître les fondements scientifiques. Dans un communiqué de presse, l’ONG cite pêle-mêle une prise de position de l’ANSES, un rapport du CIRC et une alerte des autorités sanitaires néerlandaises. Mais rien qui puisse avérer le rôle toxique du E171 aux concentrations utilisées dans les aliments... 

L’association, qui demande un moratoire sur les nanoparticules, n’hésite pas non plus à faire un parallèle avec un scandale sanitaire : « Après le scandale de l’amiante, comment accepter que les enfants soient les cobayes de ces substances dangereuses qui envahissent notre alimentation à notre insu ? N’ayant aucune utilité pour les consommateurs tout en leur faisant courir des risques inutiles, un moratoire sur la nano-malbouffe s’impose ! », s’exclame ainsi Magali Ringoot.

Pour l’heure, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) précise que le E171 est autorisé par la législation française. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a, pour sa part, rendu plusieurs avis rassurants sur le dioxyde de titane alimentaire. Mais l’EFSA s’étant faite remarquer à plusieurs reprises par des positions surprenantes, possible que cela ne soit effectivement pas très convaincant.


La France, qui s’est à plusieurs reprises démarquée de l’Agence européenne (notamment sur le cas du bisphénol A et du glyphosate), vient de lancer une expertise, précise Le Parisien, afin d’évaluer les risques d’exposition aux nanomatériaux via la consommation de denrées alimentaires. Dans la foulée de la publication de l'enquête de Générations futures sur la présence de perturbateurs endocriniens dans les mueslis, la ministre de la Santé avait annoncé la volonté du gouvernement, de fixer une limite maximale globale pour ces substances. Si les méthodes sont parfois contestables, il semblerait que les alertes des ONG ont au moins l’avantage de faire bouger les autorités. Le prix à payer est l'inquiétude, souvent infondée, et récurrente des consommateurs.