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Rapport OFDT

Alcool et tabac sont moins consommés Outre-Mer

Par Marion Guérin

Les Français d’Outre-Mer ont tendance à consommer moins de tabac, d’alcool et de cannabis que ceux de la métropole, tout âge confondu, selon l’OFDT.

crayphoto/epictura

C’est un portrait complet que dresse l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) dans son dernier numéro de Tendances sur l’usages de drogues en Outre-Mer. Toutes les classes d’âge sont passées au crible, de 17 à 75 ans ; c’est la première fois que ces statistiques se trouvent ainsi rassemblées et analysées dans la littérature. 

Elles dépeignent un étonnant paysage de l’usage des drogues dans les Départements d’Outre-Mer (DOM). L’enquête confirme que globalement, on fume, on boit, on s’y drogue moins qu’en métropole. Pour autant, les conduites addictives et les pratiques à risque n’y sont pas forcément moins nombreuses ni problématiques.

La cigarette n’a pas la cote

Les travaux, réalisés avec Santé Publique France, enseignent qu’à l’exception de la Réunion, la consommation de tabac reste très nettement inférieure à celle enregistrée en métropole - et ce, alors que la paquet de cigarette s’y vend moins cher ! Quand 33 % des métropolitains de 17 à 75 ans déclarent fumer quotidiennement, en Guadeloupe et en Martinique, le tabagisme quotidien concerne 12 % de la population adolescente et adulte. C’est même là que l’on trouve les taux les plus faibles de France.

La e-cigarette, quant à elle, n’est pas un produit de consommation courante dans les collectivités d’Outre-Mer. « Parmi les adolescents de 17 ans, les niveaux d’expérimentation varient de 30 % en Martinique à 40 % à La Réunion, contre 53 % en métropole », notent les auteurs. Dans les Départements Français d’Amérique (DFA), 2 % de la population vapote, contre 6 % en métropole.

Moins d’alcool, plus de sport

Côté alcool, là aussi, les Ultramarins se démarquent par des niveaux de consommation régulière inférieurs à ceux de la métropole, tant en population adolescente qu’adulte - avec à nouveau des nuances entre les territoires. Cette fois, la Réunion témoigne d’une consommation particulièrement faible - 14 % des hommes et 5 % des femmes boivent de l’alcool au moins dix fois par mois, contre 28 % et 10 % en métropole.

« Ces différences peuvent s’expliquer par une consommation bien moins importante de vin dans les DOM, avance l’OFDT. S’agissant d’une boisson essentiellement importée, il est probable que l’absence de culture vinicole et le prix de ce produit importé soient des éléments dissuasifs en termes d’usage ». Par ailleurs, le « binge drinking » y est moins répandu, tant chez les adultes que chez les adolescents. Globalement, les femmes boivent beaucoup moins que les hommes.


 

Drogues illicites

Enfin, si le cannabis est moins répandu dans les DOM, on retrouve sur ce produit des similarités, notamment avec la Réunion et la Martinique où les niveaux d’usage régulier sont comparables à ceux de la métropole - pour les hommes, en tout cas. L’accès au produit, cultivé localement, est un facteur d’explication de cette consommation.

Les autres drogues illicites - MDMA, cocaïne - restent peu consommées, tant de manière occasionnelle que régulière. Si l’attention a pu se fixer sur les « crackers » dans les DFA, ils constituent en réalité une population très « marginale », précisent les travaux.

Cette moindre propension à consommer des produits psychoactifs dans les DOM reflète les spécificités locales, sociales et culturelles de chacun d’entre eux. Si « seule une enquête ethnographique pourrait montrer qu’ils ont des représentations et des motivations différentes (..) », l’OFDT avance plusieurs explications : la place considérable du sport dans certains DOM, « peu compatible avec des consommations importantes de tabac, d’alcool ou de cannabis », « le contexte familial, social et religieux favorisant un contrôle parental et sociétal plus fort  auprès des jeunes ».
 

Des conduites risquées ?

Pour autant, les conséquences de ces consommations ne semblent pas mieux contenues dans les DOM. Alors que les Réunionnais témoignent d’un faible penchant pour l’alcool, la mortalité liée à cette substance est deux fois plus élevée qu’en métropole, avec 220 décès qui lui sont directement imputés entre 2010 et 2012. Par ailleurs, les accidents de la route impliquant de l’alcool sont plus nombreux dans les collectivités d’Outre-Mer.

Concernant le cannabis, l’OFDT a détecté un usage problématique chez les adolescents, notamment en le Guadeloupe et en Martinique, où « le nombre de prises en charge des consommateurs, rapporté à la population, est plus de deux fois plus important qu’en métropole ».

Pour autant, l’Observatoire assume le manque de données précises sur la question. Il rappelle les différents facteurs présents dans les DOM, qui peuvent favoriser des consommations à risque : une proportion de jeunes très élevée, fortement exposée à l’échec scolaire, au chômage et aux inégalités socio-économiques.