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Prévention des récidives

Cancer de la peau : les anciens malades se protègent mal du soleil

Par Anne-Laure Lebrun

Après avoir vaincu un cancer de la peau, les patients sont toujours sous haute surveillance. L'éducation au dépistage et aux gestes de protection font partie de ce suivi. 

StudioaMagica/epictura

Installé à son zénith, le soleil brille et fait grimper les températures. Tout le monde cherche à profiter un maximum de ses rayons avant qu’il ne disparaisse à l’automne. Pour une grande majorité des vacanciers, un défi est alors lancé : rentrer plus bronzé que ses amis ou ses collègues. Une quête aux dangereuses conséquences pour la peau : le soleil est responsable à lui seul de plus de 70 % des mélanomes, la plus grave des tumeurs malignes de la peau.

La meilleure prévention contre les cancers cutanés, et leur récidive, est une protection efficace contre les rayonnements ultra-violets (UV). Mais force est de constater que ce geste de prévention est encore mal assimilé par les patients en rémission. Une étude publiée dans le Journal of the American Academy of Dermatology révèle en effet que les anciens malades présentent autant de coups de soleil que les personnes n’ayant jamais eu de cancer de la peau, alors qu’ils se protègent bien plus.


Se protéger du soleil est la seule solution

Entre 1980 et 2012, le nombre de cancers de la peau a plus que triplé. Il en existe deux grands types : les carcinomes cutanés qui affectent entre 40 et 50 000 personnes chaque année, et les mélanomes cutanés qui ont touché plus de 14 000 personnes en 2015 et tué plus de 1 700 hommes et femmes. « On guérit plus de 80 % des malades. Mais lorsque nous faisons face à un mélanome dépisté trop tardivement, le taux de récidive devient très important et très difficile à juguler », souligne à Pourquoidocteur le Pr Nicolas Meyer, onco-dermatologue à l'Institut Universitaire du cancer de Toulouse – Oncopole et hopital Larrey.

Les auteurs de l'étude américaine expliquent leurs résultats par une mauvaise utilisation des protections solaires, suggérant ainsi qu’une meilleure éducation des patients est nécessaire. « Quand vous demandez à un patient de changer son attitude vis-à-vis du soleil, vous lui demandez de modifier ses habitudes de vie au quotidien. Il faut donc adapter les conseils à chaque patient et utiliser la vie quotidienne pour intégrer les mesures de photoprotection », explique le Pr Meyer. Les médecins peuvent par exemple conseiller aux femmes de remplacer leur crème de jour par de la crème solaire. Et une fois ce geste adopté, proposer à la patiente de le répéter plusieurs fois par jour pour une protection optimale. Outre la crème solaire, la photoprotection vestimentaire (chapeau, vêtements longs et lunettes de soleil) s’avère la solution la plus efficace.

 

Ecoutez...
Nicolas Meyer, onco-dermatologue à l'Institut Universitaire du cancer de Toulouse – Oncopole et hopital Larrey : « La photoprotection est une modification comportementale, il faut donc les adapter au patient. »

Former le patient et ses proches au dépistage

Pour les patients ayant souffert d’un cancer cutané, notamment un mélanome, ces mesures de protection s’accompagnent d’un auto-examen de la peau pour détecter d'éventuelles lésions cancéreuses. Un examen beaucoup plus efficace si le partenaire est formé et participe, révèle une étude parue fin juin dans JAMA Dermatology. Au cours de l’étude, 66 patients sur 494 ont développé une nouvelle tumeur, et 43 d’entre elles ont été découvertes par le partenaire. Un dépistage précoce qui maximise les chances de guérison. Convaincue de l’intérêt d’éduquer le malade et ses proches, l’équipe du Pr Nicolas Meyer applique déjà cette stratégie. « Nous le faisons pour une simple raison : il est difficile de se regarder soi-même le dos même avec des miroirs », glisse le spécialiste.

Formés par le dermatologue, les anciens malades apprennent à rechercher les signes pouvant avertir d’un possible danger. Il existe plusieurs règles. La fameuse règle ABCDE (asymétrie, bord irrégulier, couleur hétérogène, diamètre supérieur à 6 mm, évolution) a été développée pour aider les patients à s’auto-diagnostiquer. « Mais cette règle commet une erreur dans sa stratégie puisqu’elle a pour objectif d’améliorer le diagnostic. Or on ne demande pas au patient qui a déjà eu un mélanome ou qui est à risque de diagnostiquer mais de dépister ».

 

Ecoutez...
Nicolas Meyer : « Regardez votre peau, vous avez l’habitude de la voir. Vous êtes donc le mieux à même de dépister quelque chose d’inhabituel qui ne ressemble pas au reste. »

 

Le spécialiste a donc opté pour la règle du « vilain petit canard » qui consiste à inspecter sa peau pour repérer un élément inhabituel. « Il n’y a pas besoin de rentrer dans les détails car ils peuvent être anxiogènes et cela met la pression sur le patient », explique le dermatologue, qui précise que dans la grand majorité, les lésions dépistées par les patients sont bénignes.