ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Plus de 1000 cas de légionellose en France

Bactérie

Plus de 1000 cas de légionellose en France

Par Bruno Martrette

Alors que s'est ouvert le procès de la légionellose à Béthune, cette infection respiratoire continue à faire des victimes en France. Même si, depuis les années 2000, des mesures de prévention ont été adoptées.

MOTS-CLÉS :

86 victimes, dont 18 morts. Voilà, le bilan de l'épidémie de légionellose qui avait touché le Pas-de-Calais de novembre 2003 à janvier 2004. C'est hier, devant le tribunal correctionnel de Béthune, qu'a débuté le procès pour les victimes. A la barre des prévenus, l'usine pétrochimique Noroxo d'Harnes (62), seule source de contamination identifiée. Son propriétaire, le groupe américain ExxonMobil l' a depuis démantelé. Les faits qui leurs sont reprochés: homicides et blessures involontaires par non-respect d'une obligation de sécurité.
C'est  le mauvais nettoyage des tours contaminées qui est en cause. Un arrêté préfectoral de décembre 2001 imposait à l'exploitant la fermeture du système de refroidissement lors d'une concentration en bactéries légionelles supérieure à 100.000 unités formant colonies par litre (UFC/I). L'usine pétrochimique Noroxo contestait à l'époque la légalité de ce texte.

Plus de 1000 cas de légionellose par an en France
La légionellose est une infection respiratoire causée par des bacteries appelées les légionelles (Legionella). Elles sont à l'origine de deux types de maladies humaines: la fièvre de Pontiac et la maladie des légionnaires. La dernière, plus communément appelée légionellose, se caractérise par des manifestations pulmonaires aiguës de type pneumopathies. Dans la majorité des cas, l'évolution est favorable sous antibiotiques.
Selon  l'Institut de veille sanitaire (InVS), le bilan des cas de légionellose en France est à la baisse depuis 2005. Un résultat rassurant malgré une augmentation ponctuelle du nombre de cas en 2010. En 2011, 1170 cas ont été déclarés en France, parmi eux, 114 en sont morts.

Comme ce fut le cas dans le bassin  minier lensois, la contamination se fait par inhalation d'eau contaminée sous forme de fines gouttelettes ou d'aérosols. Elle peut aussi avoir lieu à l'occasion de douches. 
En fonction des conditions climatiques , ces micro-gouttelettes peuvent se déplacer sur près de 2 kilomètres et survivre 2 heures à l'air. Les tours aéro-réfrigérantes posées sur le toit des immeubles sont donc d'importants vecteurs de contamination si elles sont mal entretenues. A Lens, les victimes recensées n'habitaient pas toutes près de l'usine, certaines vivaient même à 4 kilomètres du site. 

Si l'infection frappe au hasard, certains facteurs sont favorisants. Les adultes sont les cibles principales, en particulier les personnes agées, et les malades. Le tabac lui aussi est en cause. Parmi les personnes atteintes, nombre d'entre elles sont des fumeurs.

Pour essayer de se prémunir des gestes du quotidien existent. Christine Campèse, épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire, suggère d'entretenir son réseau d'eau en nettoyant les douchettes pour éviter l'accumulation de tartre ou purger régulièrement le circuit d'eau pour qu'il n' y est pas de stagnation, lieu où la légionellose se développe.


Ecoutez Christine Campèse : 
 épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire chargée du dossier légionellose: « Purger régulièrement les circuits d'eau. »
 


Un sujet tabou pour les pouvoirs publics

Pour les  associations, la prévention est inexistante. Le Dr Marie-Josée Payot, généraliste et en charge de l'association des victimes de la légionellose, dénonce le silence des pouvoirs publics.. D'après cette ancienne victime de la légionellose, il s'agit d'un sujet tabou qui n'a fait l'objet d'aucune grande campagne de sensibilisation grand public : "On ne fait aucune prévention concernant la légionellose, dénonce-t-elle, les pouvoirs publics font comme s'il s'agissait d'une maladie rare voir disparue."
Les experts de l'InVS sont plus nuancés. Plusieurs circulaires et arrêtés sur les tours aéro-réfrigérantes ont été pris ces dernières années.


Ecoutez Christine Campèse :
« Il y eu plusieurs circulaires pour améliorer la prévention. »