ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Dengue : le vaccin n'est pas recommandé à La Réunion

Avis du HCSP

Dengue : le vaccin n'est pas recommandé à La Réunion

Par Anne-Laure Lebrun

Le Haut Conseil à la Santé Publique ne recommande pas l'introduction du vaccin contre la dengue à La Réunion et à Mayotte car les épidémies ne sont pas assez sévères. 

Une fillette se fait vacciner lors d'un essai clinique (Sanofi Pasteur/Flickr)
MOTS-CLÉS :

Alors qu’une épidémie de dengue sévit à la Réunion depuis fin 2015, le Haut Conseil à la Santé Publique (HSCP) ne recommande pas l’introduction du vaccin Dengvaxia® sur cette île et à Mayotte.

Le vaccin produit par le laboratoire français Sanofi Pasteur est autorisé depuis peu au Mexique, au Brésil, au Salvador et aux Philippines pour protéger les 9-45 ans de ce virus potentiellement mortel. La particularité de ce vaccin est sa capacité à immuniser les individus contre les 4 souches du virus de la dengue avec une efficacité comprise entre 56 et 60 %.


Des territoires peu exposés

Tous les essais cliniques d’efficacité du vaccin ont été réalisés dans des zones sévèrement touchées par les épidémies de dengue, et chez des sujets déjà infectés par l’une des souches du virus. Ainsi, le HSCP estime que ces résultats ne sont pas transposables à la situation de La Réunion et de Mayotte.

De fait, ces deux territoires situés dans l’hémisphère sud ont été peu exposés au virus de la dengue. A La Réunion, une épidémie massive touchant près d’un tiers de la population a été répertoriée en 1977-1978. Quelques épisodes de circulation localisée ont été enregistrés durant ces années.
Mais depuis fin 2015, une circulation active s’installe sur l’île. Au 4 juillet, 229 cas autochtones ont été identifiés. A Mayotte, le virus est apparu en 2010 et a ressurgi en 2014, affectant au total moins de 700 personnes.
« Même si la circulation de virus de la dengue est avérée à La Réunion et à Mayotte, ces deux territoires ne peuvent pas être actuellement considérés comme des zones de haute ou moyenne endémicité », souligne le HSCP, ajoutant que l’efficacité du vaccin Dengvaxia n’a jamais été démontrée chez des personnes naïves.


Une campagne de vaccination aux Antilles ?

En revanche, le HSCP n’écarte pas la possibilité qu’un programme de vaccination contre la dengue soit mis en place en Martinique, Guadeloupe et Guyane. « Ces territoires sont des zones de haute/moyenne incidence de la dengue. La survenue d’une situation épidémique dans un avenir proche est possible, compte tenu de la durée moyenne des cycles épidémiques », explique-t-il. En effet, les Antilles et la Guyane ont été victimes de 4 ou 5 épidémies de dengue depuis les années 2000, dont une de très grande ampleur en 2010 en Guadeloupe et Martinique.

Cependant, ce vaccin n’a pas encore reçu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne. Pour une utilisation hors AMM, il faudra déterminer la population cible. « Une expertise qui ne peut être réalisée dans un délai aussi court, d’autant qu’il existe une incertitude sur la tranche d’âge pour laquelle l’AMM sera octroyée », relève le HSCP. Un avis complémentaire concernant l’utilisation du vaccin dans les Antilles et en Guyane sera donc rendu à l’automne 2016.