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QUESTION D'ACTU

Rapport au Haut Conseil à l'égalité

Education sexuelle : 1 école primaire sur 4 s'en dispense

L'éducation à la sexualité souffre d'un gros déficit en France. 25 % des écoles élémentaires se dispensent de fournir les enseignements, pourtant obligatoires.

Education sexuelle : 1 école primaire sur 4 s'en dispense Capture d'écran de la campagne du HCE




L'ESSENTIEL
  • Les adolescents vivent en moyenne leur premier baiser à 14 ans. A l’âge de 17 ans, la moitié d’entre eux ont déjà eu un rapport sexuel.
  • Malgré la persistance des stéréotypes sexistes, l’accès à la contraception et au préservatif s’améliore lors du premier rapport, notamment grâce à la diffusion et au remboursement de la pilule contraceptive.
  • Mais la méconnaissance persiste : 84 % des filles de 13 ans ne savent pas représenter le sexe féminin mais s53 % savent représenter le sexe masculin.
  • Du côté des actes aussi les inégalités subsistent : une jeune fille sur cinq a été victime de cyberviolence, 7,5 % victime de voyeurisme, caresses ou baisers forcés à l’école.

A 15 ans, une jeune fille sur quatre ignore qu’elle a un clitoris. En matière d’anatomie et de sexualité, les jeunes souffrent d’un grave manque de connaissances. Ce déficit, en plus de favoriser les comportements à risque, crée un terrain favorable aux idées reçues sur les hommes et les femmes.
Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) en a pris acte et s’est saisi du dossier. Il a remis ce 15 juin un rapport complet à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes.
L’objectif est clair : l’éducation à la sexualité doit répondre aux attentes des jeunes et servir de base à la construction d’une société égalitaire.

Des écoles peu actives

Le bilan du Haut Conseil n’est guère flatteur pour la France. Dans les établissements scolaires de l’Hexagone, l’éducation sexuelle est « parcellaire et inégale selon les territoires ». De fait, alors que ce module est obligatoire, 25 % des écoles élémentaires s’en passent tout comme 4 % des collèges et 11 % des lycées. « Je me réjouis qu’à partir de 2016 la lutte contre le harcèlement sexuel devienne, dans la politique globale des établissements publics d’enseignement supérieur et de la recherche, un objectif qui sera évalué », a déclaré la président du HCEfh, Danielle Bousquet lors de la présentation du rapport. Car ce n’est pas le seul paramètre à être dans le rouge.

Source : Sondage réalisé par le HCEfh pour le rapport auprès de 3 000 établissements

A l’école, l’éducation à la sexualité se limite souvent aux thématiques de l’anatomie et de la biologie. On y parle biologie et puberté, mais aussi égalité sexuelle. Aux collège et lycée, ces thématiques sont abandonnées au profit du respect, de la contraception et l’avortement ainsi que la prévention du VIH. Violences sexuelles, orientation sexuelle et les discriminations qui y sont associées sont en revanche mis de côté.

L’information floue et taboue

L’adolescence représente une période de la vie où les inégalités et les discriminations homophobes émergent. De fait, 7,5 % des filles ont été victimes de voyeurisme, de caresses ou de baiser forcés à l’école. Et parmi les jeunes femmes de moins de 20 ans, une sur dix affirme avoir été agressée sexuellement. Les messages sur l’égalité entre les sexes et les orientations doivent donc être une cible prioritaire – trop souvent oubliée. Pour le Haut Conseil, il est « urgent » de généraliser une éducation sexuelle de qualité.

Si l’école a une obligation en la matière, « elle ne peut pas tout toute seule », admet le rapport. Familles, médias, clubs sportifs, sont autant d’intervenants qui doivent davantage s’impliquer. Le problème identifié est clair : à défaut d’information adéquate, les jeunes se tournent vers des contenus « erronés, moralisateurs voire sexistes, que ce soit sur Internet ou dans des émissions de libre antenne ».
Des radios certes libres, mais où le sexisme règne. Côté famille, la sexualité est souvent un sujet tabou tandis que les sources d’information sur Internet sont rarement fiables et mal identifiées. S’y ajoute un contexte « pollué » par la désinformation « des groupements anti-choix qui veulent empêcher toute parole et information sur ces thèmes », commente le Planning Familial.

La sexualité méconnue des jeunes

Conséquence logique de cette mauvaise connaissance dès le plus jeune âge, les stéréotypes qui émergent sur le rôle de la femme et de l’homme. Autant d’idées reçues qui « entraînent en cascade des conséquences aussi nombreuses que dramatiques », a rappelé Danielle Bousquet. Outre les violences et la perte d’estime de soi – qui touche plus les filles -, les garçons peuvent faire face à l’échec scolaire lorsqu’ils se sont imposés le « virilisme avant tout ».

Le Haut Conseil pointe les problèmes et y propose des solutions, 30 précisément. Elles s’articulent autour de 4 axes prioritaires. Le premier consiste à mieux connaître la sexualité des jeunes. « Sur ce sujet la dernière enquête nationale sur les comportements, les pratiques, les sources d’information et les représentations des jeunes en matière de sexualité date d’il y a plus de 20 ans », n’a pas manqué de souligner Danielle Bousquet.

Plus de moyens

Les politiques déjà engagées en matière d’éducation sexuelle devront aussi être renforcées. La présidente du HCefh a donc réclamé plus de moyens alloués. « Cela ne peut être la cerise sur le gâteau dépendante de la bonne volonté individuelle », estime-t-elle. Il s’agira ensuite d’organiser la visibilité des actions déployées, avec une évaluation régulière des mesures. Enfin, le Haut Conseil demande aux espaces extra-scolaires de se responsabiliser. « Apprenons aux filles à ne pas se mettre en danger, et surtout apprenons aux garçons à ne pas les mettre en danger », a martelé Danielle Bousquet.

Des propositions de bon sens, et attendues de pied ferme par le Planning Familial, qui a salué un rapport qui servira de socle commun à l’organisation d’un plan interministériel. L’objectif : jeter les bases d’un terrain favorable à une vie sexuelle épanouie, quelle que soit son orientation, afin de la vivre « sans crainte, sans peur, sans jugement contrainte ou dépendance ».

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