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Municipalité de Carros

Chicha : une ville des Alpes-Maritimes l’interdit dans les lieux publics

Par Antoine Costa

Face aux plaintes des habitants, le maire de la ville de Carros dans les Alpes-Maritimes a pris un arrêté municipal pour éloigner les fumeurs de chicha des bancs publics.

Gazteaukera/Flickr

La chicha s’est démocratisée, et est sortie des appartements et des bars. A tel point qu’elle est devenue une nuisance pour certains citoyens. Face à l’exaspération des administrés de Carros, Charles Scibetta, le maire sans étiquette de la petite ville des Alpes-Maritimes a pris un arrêté pour interdire sa consommation sur l’espace public.

Le phénomène avait pris de telles proportions que 180 mains courantes avaient été déposées au commissariat. « Cette occupation ostentatoire est agressive, a estimé Charles Scibetta, le maire de la ville de 12 000 habitants. Le fait d'avoir des jeunes qui se regroupent implique une privation de cet espace public pour les familles qui font un détour avec leurs enfants, éprouvent un sentiment de crainte et inhalent de la fumée »

Car en plus du tabagisme passif, la présence des fumeurs de chicha implique d’autres problèmes. Un cas de brûlure avec un charbon – qui permet la combustion du tabac – a été recensé, rapporte le maire. Lorsque les consommateurs quittent les lieux, ils le laissent aussi souvent sur place, alors qu’il est extrêmement salissant.

Une nouvelle tendance

Ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est prise. En 2014, la commune d’Ermont dans le Val-d’Oise avait pris un arrêté similaire, duquel s’est d’ailleurs inspiré Charles Scibetta. Trois procès-verbaux ont été distribués depuis son entrée en vigueur récente. L’amende peut être fixée entre 11 et 38 euros, et éventuellement doublée en cas de récidive.

Le texte adopté dans les Alpes-Maritimes interdit la consommation autour des habitations, des jardins et des installations publiques (écoles, gymnases, bibliothèque) dans un rayon de 20 mètres, ainsi que dans les parkings publics. Ces décisions vont au-delà des interdictions de la loi Evin sur la consommation de tabac.

Le code de la santé publique stipule en effet que la consommation de chicha, comme les autres produits du tabac, est restreinte. Elle ne peut se faire que dans des espaces extérieurs et non couverts, ou dans des espaces clos sous des conditions particulières : le local doit être équipé d’un dispositif d’extraction, de fermetures automatiques, ne doit pas être un lieu de passage ni dépasser 20 % de la superficie de l’établissement, ou 35 m&³2;.

La chicha plus nocive que la cigarette

Les études scientifiques effectuées ces dernières années sont unanimes : fumer la chicha est aussi nuisible pour la santé que le tabac classique, voire pire. Les doses de monoxyde de carbone et de goudrons sont respectivement 10 et 25 fois plus importantes que pour la cigarette, et la dose de fumée 125 fois. Mais des croyances erronées ont la vie dure, et la chicha bénéficie d’une image moins nocive que sa cousine. Les bars à chicha profitent ainsi souvent d’une certaine tolérance, en comparaison du tabagisme.

« En 2006, lorsque l’interdiction de fumer dans les lieux publics a été mise en place, il y avait de fortes pressions pour que la chicha ne soit pas concernée, se souvient le pneumologue Bertrand Dautzenberg. Nous avions alors relayé en toute urgence des petites études et écrit un livre pour attirer l’attention sur cette toxicité. Nos conclusions étaient similaires à ces résultats ».