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Sensorialité et psychologie

Amour : le sacre du printemps

Par Rica Etienne

Les pigeons roucoulent, l’air pétille, les tenues s’allègent, les terrasses de café se remplissent. On veut du bonheur et on rêve d’amour. Pourquoi maintenant ?  

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Est-ce le printemps qui nous rend plus désirants ou bien avons-nous envie d’être amoureux au printemps ?  Est-ce le corps qui exulte sous une influence biologique mystérieuse ou seulement la tête qui s’emballe et la sève qui monte comme à chaque nouvelle saison ?
Les ours et les marmottes se réveillent, les humains aussi. Il y a bien une tentative d’explication biologique : « il semble que le changement  au printemps est surtout dû au facteur de luminosité, affirme le sexologue clinicien Bruno Martin (1) ». Le spécialiste évoque aussi l’afflux de mélatonine et de sérotonine qui défatiguent ou qui réveillent et qui rendent plus enclins à se lancer dans de nouveaux projets, surtout devant la promesse des corps à demi dénudés.

 

Sérotonine, mélatonine, testostérone 

La sérotonine est un messager chimique cérébral aux effets antidépresseurs notoires impliqués dans plusieurs fonctions comme le sommeil ou la sexualité. Elle dérive elle-même du tryptophane, un acide aminé aux effets relaxants, tout ce qu’il faut en théorie pour se préparer à la bagatelle.
La sérotonine joue un autre rôle important :  elle sert à fabriquer la mélatonine, une hormone active sur le sommeil et qui est impliquée dans l’augmentation du désir, comme l’ont montré plusieurs études.

Last but not the least, au printemps, les corps se dénudent, les tenues s’allègent. Les hommes sont particulièrement sensibles aux stimuli visuels. Un bout de peau nue, une épaule découverte, une cuisse dévoilée, la concentration de testostérone augmente dans le sang !
Que devient l’hormone mâle, surnommée aussi « l’hormone du désir » ? Elle va se fixer dans le cerveau, plusieurs zones du désir sont activées. L’exposition à ce type de stimulations (comme pour un film érotique ou avec des fantasmes sexuels) provoque alors une augmentation de la testostérone et l’envie de faire l’amour. La femme, elle-même se sent plus séduisante quand elle s’habille plus légèrement.

 

Des stimuli en pagaille

Les animaux se reproduisent à date fixe, avec un calendrier bien précis des amours : le but étant de se reproduire au meilleur moment de l’année pour que les descendants survivent. Chez l’Homme, rien de tel, la reproduction est déconnectée de la sexualité grâce à la pilule notamment. Chacun fait l’amour quand bon lui semble, en hiver, en été, au printemps… « La biologie joue sans doute un peu sur les grandes tendances de l’espèce et le réveil de l’amour au printemps, admet le Pr Michel Reynaud, psychiatre et auteur du livre L’amour est une drogue douce en général ( ed. Robert Laffont). Mais je crois tout autant à la sensorialité et à une explication psychologique. »

 

L' envie de sortir de son cocon

Au printemps, le jour s’allonge, on sort davantage le soir, comme s’il fallait sortir de sa gangue d’hiver, fuir les appartements, respirer, rencontrer, s’ouvrir aux autres…

Les stimuli de toutes sortes se conjuguent pour un effet choral, ajoute le médecin : « les couleurs, les parfums, les goûts et les sons explosent au printemps. Les femmes s’habillent de tons plus vifs et plus attractifs. Les jupes légères, les mojitos en terrasse, la musique tard le soir…Tout cela réuni fait que les possibilités de rencontre augmentent, conclue le psychiatre. Le miracle du printemps, il est là ».

(1)  Revue Sexologie, 29 avril 2014