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Aux Etats-Unis

Zika : un moustique OGM bientôt relâché en Floride

Par Jonathan Herchkovitch

Les autorités sanitaires américaines ont donné un accord de principe pour relâcher des moustiques OGM afin de lutter contre la transmission du virus Zika.

James Gathany/AP/SIPA
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Face aux risques de transmission du virus Zika aux Etats-Unis, l’Agence américaine du médicament, la FDA, a donné son accord de principe pour un test grandeur nature. Ils ont publié vendredi un rapport confirmant leur avis favorable à l’introduction d’un moustique génétiquement modifié, nommé OX513A. Le but : réduire la population de l’espèce Aedes aegypti, vecteur principal de Zika.

Ce moustique est modifié pour que sa progéniture ait une durée de vie limitée, et n’atteigne pas l’âge adulte. Oxitec, le laboratoire britannique qui l’a créé, espère ainsi faire baisser les populations sauvages. Des initiatives similaires ont été testées avec succès dans d’autres pays, notamment au Brésil.

Avant de donner un feu vert officiel à une utilisation à plus large échelle du moustique OGM, il faudra attendre plusieurs mois. Si aucun cas de transmission n’a été observé en Floride à ce jour, les Etats-Unis s’inquiètent notamment de la situation à Porto-Rico, territoire américain, qui dénombrait 159 cas au 9 mars.

Pas de risques toxiques ou allergiques

« Les conséquences de l’introduction, de la survie et de l’installation de OX513A dans l’environnement a été étudiées scrupuleusement, affirme la FDA. Les données extraites de ces études indiquent qu’il est peu probable que des effets néfastes puissent être engendrés sur des espèces environnantes, y compris sur l’homme ».

La grande majorité des moustiques relâchés seront des mâles. Les femelles étant les seules à piquer, les risques toxiques ou allergiques seront négligeables, selon l’Agence qui s’appuie sur les résultats d’Oxitec. Aucune réaction n’a non plus été observée lors de piqûres par des femelles du même type.

Politiques contre entomologistes

Cette décision fait pencher la balance du côté des décideurs politiques, qui souhaitent se protéger d’une épidémie sur le sol américain. Devant les résistances croissantes aux insecticides, ils font pression pour que les OX513A soient relâchés au plus vite.

De l’autre côté, certains entomologistes craignent qu’une forte réduction de la population d’Aedes aegypi crée un vide, qui serait comblé par d’autres espèces, notamment Aedes albopictus, le moustique tigre, autre vecteur de Zika. L’introduction aurait alors peu d’effets sur les risques de propagation du virus, mais elle pourrait modifier l’équilibre des écosystèmes

Ils critiquent également la FDA de n’être en rien habilitée à fournir ce genre de recommandations, d’un point de vue scientifique, estimant qu’elle ne dispose pas de l’expertise nécessaire à l’évaluation des conséquences écologiques de l’introduction de OX513A.

Les résidents s’inquiètent aussi

Une pétition lancée par une habitante de Key West (Floride), lieu d’introduction choisi par le FDA, a déjà réuni plus de 160 000 signatures sur change.org. Elle craint en particulier que le moustique OGM ne favorise le retour de la dengue en Floride, où aucun cas de contamination n’a été enregistré depuis 2009.

Le Dr Luciana Borio, l’un des responsables scientifiques de la FDA, a confirmé que l’Agence n’autoriserait aucune utilisation d’urgence des moustiques OGM, même pour Porto-Rico, tant que les protocoles de tests ne seront pas terminés. L’Agence du médicament fait autorité en la matière, car les législations fédérales américaines associent les animaux génétiquement modifiés à des médicaments vétérinaires. Dans son rapport, elle émet un avis favorable pour cet essai en particulier, mais ouvre également via son site internet une plateforme publique de commentaires.