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Etude sur 400 000 jeunes

Troubles de l'attention : les jeunes enfants victimes d'un surdiagnostic

Par Suzanne Tellier

Des enfants simplement immatures seraient diagnostiqués TDAH à tort, selon une étude qui alerte sur les mésusages médicamenteux. 

Stocklib / Katarzyna BiaÅ?asiewicz
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Le TDAH, une maladie à la mode, surdiagnostiquée et traitée à tort ? C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude publiée dans le Journal of Pediatrics, menée sur plus de 400 000 enfants taïwanais âgés de 4 à 17 ans, sur ce fameux « trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ».

Les plus jeunes de la classe

En réalité, selon les auteurs, de très nombreux diagnostics porteraient sur des enfants qui témoignent simplement d’une forme d’immaturité. D’ailleurs, les « plus jeunes de la classe » semblent particulièrement touchés par ce surdiagnostic.

Les chercheurs notent ainsi des variations dans le nombre de cas déclarés et de prescriptions médicamenteuses selon le mois de naissance de l’enfant. Seuls 2,8 % des garçons nés au mois de septembre sont dits atteints de TDAH.  Cette proportion augmente tout au long de l’année, pour atteindre 4,5 % des enfants nés en août.

 
Source : The Telegraph


L’âge comme facteur de risque

Selon les auteurs, une partie de ces diagnostics erronés seraient liée à une échelle de comparaison inadaptée, à l’école. Les enseignants auraient ainsi tendance à juger du développement d’un enfant à partir de celui d’un autre, plus mature. Dans ce système, les plus jeunes seraient définis comme déficitaires, inférieurs - d’où la recherche d’une pathologie.

« Le THAD est le trouble neurodéveloppemental le plus largement diagnostiqué, écrivent les auteurs. La différence d’âge pourrait jouer un rôle crucial dans le risque de subir à tort un diagnostic et un traitement chez les enfants et les adolescents ». Les chercheurs suggèrent ainsi de porter une attention à l’âge des patients au moment du diagnostic, afin de bien distinguer une simple forme d’immaturité, d’un trouble réel. 

Explosion des traitements

Alors que les prescriptions de Ritaline, traitement contre le TDAH, explosent à travers le monde - Etats-Unis et Royaume-Uni en tête - la question du mésusage se pose de manière cruciale. Le médicament comporte de nombreux effets secondaires - perte de densité osseuse, troubles du comportement…

L’ANSM, l’agence française du médicament, a récemment rappelé les précautions d’emploi liées à ce médicament, en soulignant des risques cardiovasculaires, neuropsychiatriques et cérébro-vasculaires.  « Les risques de mésusage et de dépendance nécessitent également une surveillance particulière », précise-t-elle.

En France, ce traitement concerne 3 à 4 % des garçons et 1 % des filles en âge scolaire, soit 135 000 à 170 000 enfants, selon des données révélées en 2013 par la société Celtipharm. Au moment de l’étude, le nombre de boîtes vendues avait augmenté de près de 70 % en cinq ans. Aux Etats-Unis, 6,4 millions d’enfants sont déclarés TDAH.