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Alerte de la fondation Addiction Suisse

Sports d’hiver : boire ou skier, il faut choisir !

Par Audrey Vaugrente

Le mélange alcool et ski est à éviter, alertent des addictologues suisses. Certaines stations françaises ont pris les devants avec des mesures de prévention.

GORSIC/CROPIX/SIPA
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Skis parallèles, planté de bâton, casque sur la tête et masque sur le nez : telle est souvent l’image des amateurs de sports d’hiver. Mais la montagne l’hiver c’est aussi le vin chaud et le génépi, entre autres réjouissances alcoolisées. Un cocktail alcool/ski que certains vacanciers semblent particulièrement apprécier, au détriment de leur propre sécurité, comme le rappelle la fondation Addiction Suisse. « Mieux vaut ne rien boire avant d’avoir fini de skier, ou de manière très modérée, pas plus d’un verre standard », recommande Irène Abderhalden, sa directrice, contactée par Pourquoidocteur.

Des jeunes plus exposés

L’alcool ne coule pas à flots sur les pistes de ski, mais il est disponible aisément. Quiconque veut déguster une mousse avec vue sur les cimes n’a qu’à se rendre dans un restaurant d’altitude. La plupart du temps, ces consommations n’ont que peu d’impact sur le comportement des skieurs. Mais récemment, bars et boîtes de nuit se sont développés. C’est notamment le cas des « Folie Douce », et de nombreux festivals qui se tiennent sur les pistes des différentes stations alpines.

Or, même à petite dose, l’alcool a un effet sur la perception. Dès deux verres, le temps de réaction est allongé et la vision latérale perturbée. « A ski, il faut faire très attention parce qu’on évolue très vite », rappelle Irène Abderhalden. La perception de soi-même et de la situation peut changer, ce qui augmente le risque d’accident.

S’ils ne sont pas les seuls consommateurs, les jeunes sont particulièrement exposés  pour deux raisons, selon la directrice de la fondation Addiction Suisse : « Ils se surestiment parfois et ils prennent plus de risques sur les pistes. Ils aiment la vitesse, les concours… » Sous l’emprise de l’alcool, les comportements imprudents peuvent être favorisés. Un mélange à haut risque.

Des navettes depuis les pistes

Très tôt, les stations ont pris conscience de cette problématique. Toutes n’ont pas développé de programme spécifique. Mais elles ont, au minimum, une approche préventive. A Meribel (Savoie) des éthylotests sont par exemple à disposition dans certains commerces. A chaque début de saison, la police de La Plagne (Savoie) rappelle aux restaurateurs les règles en matière d’alcoolisation.

Les stations où une boîte de nuit est située sur les pistes, comme Val d’Isère (Savoie), sont confrontée à un problème supplémentaire : outre l’alcoolisation sur les pistes s’ajoute la question de rentrer de nuit. Police municipale et gendarmerie y effectuent un travail de prévention régulier. Mais les établissements ont pris les choses en main : ils ne vendent pas d’alcool fort et vérifient l’âge de leurs clients. Ils proposent aussi un système de navette qui reconduit au village les clients trop enivrés pour redescendre à ski.

Ecoutez...
Justine Mathé, directrice marketing-communication chez Val d’Isère Tourisme : « On voit des vigiles qui obligent les gens ivres à déchausser pour ne pas les laisser descendre à ski. »


Ce travail paie puisque les incidents sont très rares à Val d’Isère : en 10 ans, seule une personne s’est égarée sur les pistes de nuit. Là encore, la station a pris les devants en raccompagnant les derniers fêtards à la fermeture. « Ceux qui sont en état de redescendre sont accompagnés par les pisteurs. Ceux qui ne peuvent pas sont mis dans les télécabines qui desservent la Folie Douce et les ramènent à la station », résume Justine Mathé.

Pour le consommateur lui-même la modération est de bon ton : les assureurs ont pris soin de mentionner qu’une alcoolémie supérieure à 0,50 gramme par litre de sang est un motif de refus de remboursement des frais de secours en cas d’accident.