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Politique de santé publique

Tabac : le Turkménistan interdit totalement sa vente

Par Julie Levallois

Au Turkménistan, la lutte anti-tabac passe à la coercition. Le gouvernement a purement et simplement interdit la vente de cigarettes, et autres produits du tabac.

Le palais présidentiel d'Ashgabat, au Turkménistan (SIPANY/SIPA)

Le Turkménistan est un pays discret mais efficace dans sa lutte contre le tabac. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dictature du Moyen-Orient ne dénombre que 8 % de fumeurs. Un résultat visiblement insuffisant aux yeux de son président, Gurbanguly Berdymuhamedow. Selon le site indépendant Chrono-TM, les commerces ont désormais l’interdiction de vendre cigarettes et autres produits contenant du tabac.

Dentiste de formation, le président turkmène est déterminé à assurer la bonne santé de sa population. Le Service d’Etat pour la Protection de la Sécurité d’une Société Saine, auparavant en charge de la lutte contre les drogues, ferait la chasse aux vendeurs de cigarettes. Les contrevenants s’exposent à une amende de 10 salaires minimum (5 900 manats, ou 1550 euros). Une décision extrême qui s’explique par la volonté d’action de Gurbanguly Berdymuhamedow.

Le 5 janvier, l’homme d’Etat est intervenu dans les médias – contrôlés par le gouvernement – afin de critiquer le manque d’action décisive du Service d’Etat. Il a poussé la sanction jusqu’à déchoir Atadurdy Osmanov, à la tête du service, de son rang de colonel.

Le marché noir explose

Le gouvernement turkmène se montre coercitif mais intraitable dans sa décision d’assurer le bien-être de la population. Outre cette interdiction, il multiplie les campagnes télévisées qui promeuvent les bienfaits du mode de vie. Le président Berdymuhamedow met la main à la pâte : à plusieurs reprises, il a figuré dans des reportages vantant l’intérêt de la pêche et du vélo.

Mais interdiction totale ne signifie pas fin du tabac au Turkménistan. Au Bhoutan, qui a mis en place la même mesure en 2004, la contrebande avec l’Inde voisine s’est immédiatement développée. Même constat dans l’ancienne république soviétique où le marché noir n'aurait pas tardé à s'organiser. Le prix d’un paquet de Marlboro aurait atteint 11 euros (44 manats) contre presque 8 auparavant (22 à 30 manats).