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Médicaments : la France peine à gérer les ruptures de stock

Par Stéphany Gardier

Vaccins, antibiotiques, traitements de la maladie de Parkinson : de nombreux Français font triste mine devant le comptoir de leur pharmacie. Les ruptures de stock sont en effet devenues monnaie courante dans l’Hexagone : elles ont été multipliées par 10 depuis 2007, avait alerté l’Agence nationale de sécurité du médicament en août dernier. Bien conscient du problème, l’Ordre des pharmaciens avait pris les devants en déployant fin 2014 un logiciel, censé permettre une meilleure « remontée » des informations des officines vers les industriels. Le premier bilan n’est guère réjouissant. Selon le Parisien, ce sont toujours 170 produits en moyenne qui manquent à l’appel chaque jour dans les pharmacies françaises.

 

Interviewée en août dernier par Pourquoidocteur, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, se refusait à employer le terme de pénurie pour désigner les ruptures de stock de plus en plus fréquentes dans certaines régions en particulier. C’est pourtant bien le mot qu’elle utilise aujourd’hui dans les colonnes du Parisien, expliquant que « la demande mondiale de médicaments ne cesse d’augmenter et aggrave la pénurie ».

Les stocks des pharmacies sont en effet dépendants de ceux des industriels et des grossistes répartiteurs qui, souvent, répartissent leur production entre plusieurs pays. Pour tenter d’endiguer le problème, la nouvelle loi de santé, qui sera promulguée prochainement, prévoit de mieux encadrer cette répartition des médicaments, notamment en limitant les exportations des médicaments d’intérêt majeur (MIMT), lorsque les stock sont insuffisants sur le territoire.

 

En attendant, les pharmaciens se sont, eux, munis d’un logiciel, DP-rupture, afin de mieux gérer en temps réel les informations sur les médicaments manquants. Un système plus complet que celui utilisé par l’ANSM, qui ne répertorie que les ruptures de stock des MIMT. Sur l’année, les chiffres relevés par la plateforme indiquent que 3 % des médicaments dermatologiques ont été indisponibles. En novembre, 15 vaccins étaient toujours aux abonnés absents.

 

Dans la plupart des cas, l’indisponibilité d’un produit n’a pas de conséquence pour le patient, un médicament de substitution pouvant lui être délivré. Mais une trentaine de MIMT n’ont pas d’équivalent, ce qui conduit de nombreux patients à devoir interrompre leur traitement. Dans le cas des vaccins, ces ruptures de stock sont à l’origine de la grogne des patients, qui s’estiment souvent pris en otage par les laboratoires. Les formes les plus simples n’étant pas disponibles, ils n’ont d’autre choix que d’acheter une forme complexe, souvent associée à d’autres vaccins qu’ils ne souhaitaient pas. D'autres font un choix plus radical, et refusent ces vaccins. Face au poids sur la santé publique, mieux réguler les stocks de produits pharmaceutiques est donc devenu une urgence sanitaire.