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Une campagne pour briser le silence

Violences sexuelles sur mineurs : 154 000 victimes par an

Par Léa Surugue

Une campagne pour lutter contre les violences sexuelles faites aux mineurs est lancée à l'approche de la Journée Mondiale des droits de l'enfant. Un petit film poignant pour marquer les esprits.

SINTESI/SIPA

Une petite fille est allongée dans son lit et dort paisiblement. Dans la pénombre, un de ses proches la contemple. Il s’assoit à ses côtés, lui caresse la joue et descend la couverture. La caméro zoome alors sur son ours en peluche, qui se met à pleurer…

Impossible de ne pas ressentir un certain malaise, lorsque l'on visionne la vidéo. Tout en sous-entendus, elle constitue la nouvelle campagne choc de l’association Innoncence en danger, lancée à l’occasion de la journée mondiale des droits de l’enfant, le 20 novembre.

 

 

Sensibiliser l'entourage

Coordonnée par le Dr Gilles Lazimi, généraliste à Romainville, la campagne a pour but de sensibiliser les Français sur les risques de violences sexuelles encourus par les mineurs, notamment au sein de l’environnement familial.

Chaque année en effet, 154 000 enfants sont victimes de viols ou de tentatives de viol, et dans 94 % des cas, l’agresseur fait partie de l’entourage. Au total, deux millions de Français auraient été victimes d’inceste.

Face à cette sombre réalité, l’association a décidé d’agir pour briser le silence. Elle veut sensibiliser les proches des enfants pour les inciter à faire un signalement auprès des autorités, qu’ils soient témoins d’une agression ou qu’ils aient simplement des soupçons. Leur rôle est essentiel, d'autant qu'un enfant aura souvent du mal à soulever le problème, surtout s'il s'agit de quelqu'un qu'il connaît bien.

Un numéro (0800 05 95 95) est mis en avant dans la vidéo, et peut être utilisé pour les accompagner dans cette démarche. L'idée est aussi d'aider les adultes à repérer tous changements de comportement chez les enfants, qui pourraient indiquer une situation à risque. De nombreux signes peuvent alerter : un décrochage scolaire, des troubles alimentaires ou du sommeil, des fragilités psychologiques, de la dépression, des tentatives de suicide...

« Il faut être attentif à tous les signaux qui peuvent laisser penser qu’il y a violences. Dès qu’il y a un doute, il faut en parler, il faut faire un signalement. Il faut que le doute profite à l’enfant. Nos silences nous rendent complices de ces crimes », martèle le Dr Lazimi.

 

Former les médecins

Ce professionnel estime que la formation de la communauté éducative et des médecins doit être renforcée, pour mieux repérer et signaler les victimes. Aujourd'hui, seuls 3 % des signalements de maltraitance sur des enfants sont faits par les professionnels de santé.

« Nous n’avons pas appris à nous poser la question des violences sexuelles, on ne veut pas y penser. Mais lorsque l’on est formé sur le sujet et que l’on voit les bénéfices que les victimes peuvent en tirer, alors on se rend compte de la nécessité absolue de questionner les enfants sur le sujet et de signaler tous soupçons de violences », souligne le Dr Lazimi.

Sur le long terme, les enfants qui ont subi une agression sexuelle ont des risques majeurs de développer des pathologies psychologiques et des traumatismes à l'âge adulte, avec un coût social très important. Ils sont en particulier sept fois plus à risque de faire une tentative de suicide que le reste de la population.