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Insee : les Français mangent moins de viande et plus de plats préparés

Par Julian Prial

Depuis 1960, le panier alimentaire des Français s'est modifié. La viande, les fruits, les légumes et l'alcool cèdent du terrain au profit des produits transformés. 

A. GELEBART/20 MINUTES/SIPA

L'assiette d'aujourd'hui ne ressemble pas à celle de nos grands-parents ? En cinquante ans, le panier alimentaire des Français a considérablement changé. Une étude de l'Insee (1) publiée ce vendredi révèle en effet que la part des trois principaux postes (viande, fruits et légumes, pains et céréales) n'a cessé de reculer au fil des décennies.

Moins de viande 

La part de la viande, pourtant chère aux Français, diminue ainsi depuis les années 1980. Elle n'atteint plus que 20 % en 2014, contre 26 % à son apogée en 1967. Pas de panique pour les bouchers néanmoins car elle reste encore la principale dépense du panier alimentaire en 2014.

Pour expliquer ce changement, ces statisticiens écrivent que « ce recul provient à la fois de volumes et de prix moins dynamiques que ceux des autres composantes du panier ».
De plus, les crises sanitaires, récurrentes depuis 1996, ont affecté la consommation de viande. Les consommateurs délaissent alors la viande incriminée pour se reporter sur d'autres. Par exemple, lors de la crise de la vache folle en 1996, la consommation de bœuf a chuté (-8 % en valeur et en volume par habitant), alors que celle de cheval a bondi (de plus de 12 % en valeur et volume).

Par ailleurs, les boissons alcoolisées et les fruits et légumes occupent, en 2014, une part plus réduite dans le panier qu'en 1960. Idem pour le budget  « pain et céréales » (13 % en 2014 contre 15 % en 1960).

Davantage de plats préparés 

A l'inverse des aliments cités précédemment, certaines dépenses des Français prennent en revanche de plus en plus de place au sein du panier alimentaire. Au fil des décennies, les ménages consomment ainsi davantage de plats préparés et de produits transformés, tels que des légumes déjà coupés ou des pommes de terre en purée. En chiffres, la consommation de plats préparés s'accroît de 4,4 % par an en volume par habitant depuis 1960, contre + 1,2 % pour l'ensemble de la consommation alimentaire à domicile. 

Cela est dû bien évidemment aux changements de modes de vie qui s'accompagnent d'une réduction du temps de préparation des repas à domicile (- 25 % entre 1986 et 2010). Les produits faciles d'emploi, tels que les pizzas ou les desserts lactés frais, profitent de cette évolution.

Les recommandations sanitaires inaudibles 

Enfin, mauvaise nouvelle pour les autorités sanitaires, les recommandations sur la façon de s'alimenter semblent ne pas prendre dans la population française, d'après l'Insee. C'est le cas du programme « Manger au moins 5 fruits et légumes par jour » lancé en 2007.
Entre 2006 et 2008, la consommation de légumes n'a ainsi progressé que de 0,6 % par an et par habitant en volume, et celle de fruits s'est même contractée de -2,3 %.
De plus, quelques mois après le lancement de cette campagne, une étude de l'Inpes (2) montrait que 93 % des Français avaient eu connaissance de ce message, mais que seuls 3 % d'entre eux déclaraient avoir changé d'alimentation volontairement sur cette période.
En plus de ne pas s'intéresser aux discours nutritionnels officiels, les ménages semblent aussi minimiser le poste alimentation. Il représentait 20 % de leur budget contre 35 % en 1960 !

(1) Institut national de la statistique et des études économiques

(2) Institut national de prévention et d'éducation pour la santé