ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Cancer du sein : quatre fois plus de risques chez les femmes exposées au DDT

Insecticide interdit en France

Cancer du sein : quatre fois plus de risques chez les femmes exposées au DDT

Par la rédaction

Les femmes exposées in utero au DDT, un insecticide interdit depuis plus de 30 ans, ont 4 fois plus de risques de développer un cancer du sein que les femmes peu exposées.

Pavel Rahman/AP/SIPA

Introduit dans les années 1950, le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) était d’abord utilisé comme insecticide dans la lutte contre le paludisme ou le typhus, dans le sud de l’Europe, notamment en France, puis à des fins agricoles aux États-Unis.

Neurotoxique avéré, poison dévastateur pour l’environnement, le DDT est prohibé dès les années 1970 par de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis et la France. Mais malgré son interdiction, cet insecticide est encore détectable dans le sang ou le lait maternel des riverains exposés des années auparavant. Une persistance qui impacte aujourd’hui la santé des cinquantenaires américaines, révèle une étude publiée ce mercredi dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.

Les chercheurs de l’Institut de santé publique de l’université de Berkeley ont, en effet, montré que les femmes exposées in utero à des taux élevés de DDT ont un risque 4 fois plus élevé de développer un cancer du sein après 50 ans que les femmes les moins exposées.

Un suivi de plus d’un demi-siècle

Pour parvenir à ces résultats, Barbara Cohn, directrice du Child Health and Development Studies, et ses collègues ont analysé les données de santé d’une cohorte de femmes californiennes ayant donné naissance à 20 000 enfants entre 1959 et 1967 dont 9 300 filles. Grâce aux prélèvements sanguins réalisés sur leur mère pendant la grossesse, puis conservés jusqu’à aujourd’hui, les chercheurs ont pu distinguer les femmes qui avaient été fortement exposées in utero à celles qui l’avaient peu ou pas été.

« Cette étude sur 54 ans est la première à apporter une preuve directe que l’exposition des femmes enceintes à un produit chimique peut avoir des conséquences à long terme pour leurs filles en augmentant leur risque de cancer du sein, affirme Barbara Cohn. Les substances chimiques dans l’environnement ont longtemps été suspectées d’être associées au cancer du sein, mais jusqu’à maintenant, peu d’études faites sur l’homme soutenaient cette idée. »

 

Encore utilisé en Asie

De cette étude, on peut également mettre en lumière une amélioration. Les auteurs soulignent en effet que les taux de DDT retrouvés dans le sang des femmes enceintes dans les années 1960 sont beaucoup plus élevés que ceux retrouvés des décennies plus tard. Une étude de l’Institut national de veille sanitaire publié en 2013 montrait, par ailleurs, que les concentrations sériques moyennes de DDT étaient voisines, voire plus faibles que celles retrouvées dans d’autres pays européens ou d’Amérique du Nord.

Une donnée rassurante, mais qui ne doit pas faire oublier qu’encore aujourd’hui des femmes et des hommes sont exposés à de fortes doses de DDT. C’est notamment le cas en Asie ou en Afrique, où l’insecticide est l’une des seules armes efficaces contre le paludisme.