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Au Cambodge

Les médecins sans diplôme inquiètent les autorités

Par la rédaction

Des médecins non professionnels, formés sur le tas, exercent dans les campagnes du Cambodge. Un héritage des Khmers Rouges, dont le gouvernement souhaite la disparition.

MELANIE FREY/JDD/SIPA
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Ils travaillent dans les campagnes, là où l’accès au soin n’est plus assuré depuis bien longtemps. Au Cambodge, des centaines de médecins pratiquent sans avoir suivi la moindre année d’étude à l’université, avec pour seule expérience celle d’une pratique apprise sur le tas.

L’un des systèmes de santé les plus inégalitaires

Ces « médecins sans diplômes » font l’objet d’un reportage de l’AFP, où l’on découvre leur quotidien surchargé en plein désert médical – l’euphémisme est doux. De fait, depuis des années, le système de santé du pays est sinistré. C’est l’un des systèmes les plus inégalitaires au monde, selon l’OMS, avec 0,2 médecin pour 100.000 habitants - un niveau similaire à l'Afghanistan. La capitale compte bien quelques grands hôpitaux, mais ils sont incapables de répondre aux besoins de la population.

Les médecins cambodgiens ont payé cher la dictature mise en place par les Khmers Rouge en 1975, et la population continue de subir ses conséquences, notamment sur le plan sanitaire. A l’époque, rappelle l’AFP, le régime envoyait les citadins, dont les intellectuels, travailler dans les champs, où ils mouraient les uns après les autres. Parmi les deux millions de personnes exterminées figurent de nombreux praticiens.

A ce régime ont succédé des années de guerre civile, qui ont parachevé l’anéantissement des infrastructures sanitaires. Dans les années 1990, il restait moins de 50 médecins sur les près de 600 précédemment en exercice, précise l’OMS.

Scandale sanitaire

Pendant tout ce temps, il a donc fallu faire avec rien. Les médecins non professionnels et les guérisseurs traditionnels se sont multipliés, répondant aux besoins urgents de la population. Selon l’AFP, le gouvernement fermait jusqu’ici les yeux sur cette pratique illégale, mais l’actualité l’a contraint à modifier sa position. 

En décembre, un scandale sanitaire a en effet éclaté dans un petit village, où une centaine de personnes ont été contaminées par le virus du sida. L’enquête, en cours, suggère qu’un médecin aurait réutilisé la même seringue pour traiter tous les habitants. Depuis, l’Etat affiche sa ferme volonté d’empêcher ces médecins d’exercer. Mais pour qu’ils disparaissent, il devra proposer à sa population une alternative.