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Dépression et anxiété

Manger gras perturbe le cerveau

Par Yvan Pandelé

Des chercheurs américains ont mis en évidence, chez la souris, un lien entre un régime alimentaire riche en graisse et des signes de dépression.

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Le gras, c’est la vie, paraît-il. Pas pour les scientifiques, qui pointent régulièrement les risques de l’obésité pour la santé. Et comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, il semblerait bien que la santé mentale soit aussi concernée.

 

Une étude récente de l’université de Louisiane suggère ainsi qu’un régime riche en graisse favorise l’apparition de troubles mentaux tels que la dépression et l’anxiété.

 

Des souris « déprimées »

Pour établir ce résultat, les chercheurs ont utilisé une méthode poétiquement dénommée « transplantation de microbiote ». En clair, ils ont implanté, dans le tube digestif de souris saines, la flore intestinale de souris rendues obèses grâce à un régime riche en graisses. Soumise à une batterie de tests, les souris ainsi traitées ont montré des signes accrus d’anxiété et de troubles de la mémoire, ainsi que davantage de comportements répétitifs.

 

Par ailleurs, les souris à la flore intestinale modifiée présentaient aussi des symptômes physiologiques, dont une inflammation du système digestif et… du cerveau. Des signes qui évoquent une piste de recherche en vogue, qui lie dépression et inflammation du cerveau.

 

Le rôle de la flore intestinale mis en évidence

Plusieurs études établissent un lien entre obésité et un risque accru de troubles mentaux tels que la dépression ou l’anxiété. Mais l’origine de ce lien n’est pas claire, et l’on ne sait si c’est l’obésité en elle-même qui est en cause, ou bien d’autres facteurs secondaires. Pour la première fois, le rôle de la flore intestinale a donc été clairement mis en évidence, puisque les souris rendues « dépressives » avaient suivi un régime classique et possédaient un poids normal.

 

« Cette étude suggère que les régimes riches en graisse affectent la santé du cerveau, notamment en perturbant la relation symbiotique entre les humains et les micro-organismes qui occupent nos voies digestives », résume John Krystal, chef du service de psychiatrie à la faculté de médecine de l’université Yale et rédacteur en chef de la revue Biological Psychiatry, qui a publié l’article.

 

Le ventre, un « deuxième cerveau » ?

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es, est un adage qui connait une nouvelle jeunesse ces dernières années. Les scientifiques s’intéressent en effet de plus en plus à l’« axe intestin-cerveau », c’est-à-dire à l’influence de la flore intestinale sur le mental. Car notre tube digestif contient un grand nombre de bactéries – de un à cinq kilos… – qui semblent jouer un rôle important dans l’organisme, y compris sur le cerveau.

 

Qualifier le ventre de « deuxième cerveau » est ainsi en passe devenir un lieu commun. Si l’expression est sans doute exagérée, elle témoigne en tout cas du dynamisme des recherches en la matière. La dépression, l’anxiété mais aussi l’autisme peuvent ainsi être corrélés à des différences de composition de la flore intestinale. Comme toujours, établir fermement un lien de causalité s’avère autrement plus difficile, mais ce qui concerne la dépression, le rôle de la flore intestinale semble de mieux en mieux étayé.