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Dépression sévère

Les antidépresseurs sont compatibles avec la grossesse

10% des femmes enceintes sont dépressives. Une étude réalisée sur 30 000 femmes montre que les antidépresseurs ne sont pas responsables de bébés morts-nés.

Les antidépresseurs sont compatibles avec la grossesse SUPERSTOCK/SIPA

  • Publié le 04.01.2013 à 07h00
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Nul besoin de souffrir pour être belle, ni pour être mère ! Contrairement à bon nombre d’idées reçues, il n’est pas nécessaire de faire le vide dans son armoire à pharmacie pendant les neuf mois de la grossesse. Et selon une large étude parue le 2 janvier dans le Journal of the American Medical Association, même les antidépresseurs ne sont pas forcément à proscrire.
Menée auprès de 30 000 femmes, cette recherche prouve que le taux de bébés morts-nés ou de décès du nourrisson est certes très légèrement plus élevé chez les femmes consommant des antidépresseurs mais les médicaments ne sont pas en cause. Les responsables seraient les maladies psychiatriques graves, le tabagisme et l’âge plus avancé de ces futures mamans sous antidépresseurs. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, une classe d’antidépresseurs, peuvent-ils cependant être consommés sans danger pendant les neuf mois d’une grossesse ? Les réponses avec le Pr Antoine Pelissolo, psychiatre au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris.


Y a-t-il des moments dans la grossesse où la prise d’antidépresseurs est contre-indiquée ?

« Les études menées sur le sujet sont plutôt rassurantes. Comme vient de le démontrer la dernière étude du Jama réalisée par une équipe suédoise, le sur-risque de bébé mort-né et de décès du nourrisson est inexistant. Concernant les risques de malformation, une étude publiée en 2005 a montré que pendant le 1er trimestre de grossesse, l’utilisation d’un antidépresseur – la paroxetine – était associée à un risque accru de malformations congénitales, en particulier cardiaques.


Les études sont rassurantes mais aujourd’hui, des doutes subsistent-ils ?

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine existent depuis plus de 20 ans. Ce qui permet d’avoir du recul pour mesurer les risques. D’ailleurs, en France, aucun antidépresseur n’est contre-indiqué pendant la grossesse, et ce même pendant les trois premiers mois. Cependant, la même équipe de chercheurs suédois qui vient de publier dans le Jama avait montré début 2012 que la consommation de certains antidépresseurs augmentait les risques d’hypertension artérielle pulmonaire chez le bébé. En 2011, une première étude a également suggéré l’existence d’un lien entre l’exposition in utéro à certains antidépresseurs et l’autisme. Mais, ces résultats demandent à être confirmés. Et au moment de l’accouchement, les risques d’interactions médicamenteuses entre les antidépresseurs et les produits anesthésiants ne sont plus d’actualité.


Ecoutez le Pr Antoine Pélissolo, psychiatre au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris : "Certains obstétriciens recommandent d'arrêter les antidépresseurs au moment de l'accouchement, c'est inutile".


Par principe de précaution, vaut-il mieux interrompre un traitement à base d’antidépresseurs ?

« Si l’on peut se passer du traitement médicamenteux, c’est mieux, reconnaît le Pr Antoine Pélissolo. Mais, en fait, il y a une question centrale à laquelle il faut répondre : les antidépresseurs sont-ils indispensables ? » Et dans le cas d’une dépression sévère, la réponse est « oui ». Or, entre 3 et 12% de la population générale souffrirait de dépression majeure et pendant la grossesse, 7 à 19% des femmes enceintes, selon les pays industrialisés, seraient dépressives. En revanche, en cas de dépression modérée, il existe des alternatives au traitement médicamenteux.


Mais interrompre la prise d’antidépresseurs pendant une grossesse, n'est-ce pas dangereux ?

Il est évidemment indispensable d’en discuter au préalable avec son médecin. En effet, une femme souffrant de dépression sévère s’expose à des risques de passage à l’acte suicidaire si elle suspend sa consommation d’antidépresseurs. Pour combler des crises d’angoisse, elle risque également de consommer de l’alcool ou des drogues, qui peuvent avoir des conséquences délétères pour le fœtus. Néanmoins, « les femmes qui sont inquiètes à l’idée de prendre ses médicaments, je ne vais pas contre leur volonté, indique Antoine Pélissolo. Plutôt que de créer une angoisse supplémentaire, je respecte leur souhait mais je les suis de plus près afin de pouvoir intervenir en cas de rechute ».


Quels sont les traitements alternatifs d’une dépression que peut suivre une femme enceinte ?

S’il n’est pas forcément opportun de commencer une thérapie cognitivo-comportementale pendant la grossesse, il est en revanche possible de bénéficier d’un suivi psychologique classique par son thérapeute. « Pour les troubles anxieux, il est aussi possible d’apprendre des techniques de relaxation, des méthodes naturelles de gestion du stress, conseille Antoine Pélissolo. En plus, cela pourra être utile au moment de l’accouchement. »


Et en cas de trouble bipolaire, est-il possible de continuer à prendre son traitement ?

Dans ce cas, la situation est beaucoup plus délicate. En effet, la grande majorité des médicaments prescrits sont contre-indiqués pendant la grossesse.


Ecoutez Antoine Pélissolo : "Les anticonvulsivants sont formellement contre-indiqués. On se pose carrément la question de mener une grossesse ou pas."



Au moment de l’allaitement, les antidépresseurs présentent-ils un danger ?

La plupart des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine passent dans le lait maternel. Leur toxicité pour l’enfant n’est pas clairement démontré mais, dans le doute, mieux vaut limiter les éventuels risques. Les femmes qui souhaitent allaiter peuvent néanmoins prendre deux molécules qui ne posent pas de problème, la sertraline et la paroxétine.

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