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Explantation difficile

Bourges : un pacemaker empêche les funérailles d’une octogénaire

11 jours d’attente. A Bourges, une octogénaire ne peut être incinérée car elle porte un pacemaker miniature. Le crématorium n’a pas les moyens de le retirer.

Bourges : un pacemaker empêche les funérailles d’une octogénaire Daniel Racovitan/Flickr




L’affaire est aussi kafkaïenne que tragique. Depuis le 22 novembre, une octogénaire patiente dans les chambres froides du crématorium de Bourges (Cher). Sa famille tente d’organiser ses funérailles. Mais l’établissement refuse la crémation.
En cause : un pacemaker miniature, implanté sur la défunte le 25 octobre. Aucune procédure ne peut être engagée tant que le dispositif médical n’a pas été retiré. Seul problème, personne n’accepte de s’en charger, comme le rapportent Slate et Le Berry Républicain.

Une pratique chirurgicale

La défunte l’a précisé avant son décès : elle souhaitait être incinérée. La loi est claire concernant les porteurs de pacemakers. L’appareil doit être extrait du corps avant sa mise en bière. Le lithium présent dans les piles présente en effet un risque d’explosion, lorsqu’il est exposé à de fortes températures, et pollue l’environnement.
Mais le dispositif en question relève de la dernière génération. « Il s’agit du plus petit pacemaker au monde. Il fait environ la taille d’une pièce d’un euros », précise Antoine Audry, directeur des Affaires Publiques & Réglementaires pour Medtronic, qui produit le modèle Micra.

C’est là qu’émerge le problème. L’appareil est si petit qu’il peut être implanté directement dans le cœur, par voie intraveineuse. Ses prédécesseurs, eux, sont placés sous la peau car trop volumineux. Sur le papier, le thanatopracteur est chargé d’extraire les pacemakers. Mais le modèle Micra, lui, suppose une connaissance chirurgicale. « Il faut aller sous la cage thoracique et récupérer le cœur », souligne Antoine Audry. Le crématorium de Bourges refuse d’intervenir. Les chirurgiens ne le peuvent pas. Ils ne sont plus habilités à opérer 48 heures après le décès. Reste à contacter un médecin légiste… mais les autorités judiciaires s’y opposent.

Des tests en cours

Retirer le dispositif est pourtant nécessaire : le mécanisme du pacemaker reste le même, et la pilule est en lithium – bien qu’elle soit 10 fois plus petite. L’explantation relève donc du vide juridique. « La technologie évolue plus vite que la réglementation, conclut Antoine Audry. Nous sommes dans une phase transitoire. » De fait, ces situations risquent de se reproduire à un rythme croissant. Les dispositifs médicaux implantables sont de plus en plus présents sur le marché.

Medtronic avait pourtant anticipé cette situation : le fabricant a réalisé une étude en laboratoire aux Etats-Unis. Inutile d’explanter, conclut-elle. La crémation ne provoque pas d’explosion ou de pollution environnementale. Mais le ministère de la Santé a décidé de réaliser des tests en France. Ils sont toujours en cours. La Haute Autorité de Santé (HAS), dans son avis, ne fait aucune mention de cette situation.

En attendant que la situation ne se débloque, l’octogénaire reste en chambre froide avant mise en congélation. « On nous a proposé de faire le tour de France des crématoires pour en trouver un qui accepterait », explique sa sœur dans La Nouvelle République. Medtronic a mis à disposition un guide qui détaille la procédure de retrait. Ne reste plus qu’à convaincre les thanatopracteurs.

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