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QUESTION D'ACTU

10 ans d’errance diagnostique

Troubles bipolaires : 70 % des malades mal diagnostiqués

Il peut s'écouler 10 ans avant de parvenir à un diagnostic de troubles bipolaires. Un errance lourde de conséquences pour les patients qui n'accèdent pas aux bons traitements.

Troubles bipolaires : 70 % des malades mal diagnostiqués André Schrei/Flickr




Plus d’un million de personnes vivent avec un trouble bipolaire en France. Un nombre élevé de patients qui n’empêche pas la maladie de rester tapie dans l’ombre. Malgré de grands noms associés à cette pathologie psychiatrique – Vincent Van Gogh en porte-drapeau – le retard diagnostique est encore très fréquent. Il peut s'écouler 10 ans avant que les symptômes, une alternance de phases de dépression et d’excitation, ne soient correctement identifiés. Durant cette errance, les malades voient plus de 3 spécialistes, et le nombre de diagnostics oscille entre 3 et 4. Au total, 7 malades sur 10 sont mal diagnostiqués. Un parcours de soins chaotique lourd de conséquences. Près d’un non traité sur six met fin à ses jours. A l’occasion de la journée mondiale des troubles bipolaires, Pourquoidocteur fait le point sur l’impact du diagnostic avec Bruno Etain, coordonnateur du réseau national des Centres Experts de la Fondation FondaMental pour les troubles bipolaires.

 

Qu’est-ce qui explique un tel retard diagnostique ?

Bruno Etain : Les symptômes s’expriment de manière assez polymorphe : une dépression, une phase d’excitation, des conduites suicidaires ou addictives… Face à ce mode d’entrée très variable, les psychiatres ont parfois du mal à penser au trouble bipolaire. Les troubles bipolaires commencent tôt dans la vie, à l’adolescence ou chez le jeune adulte. Le diagnostic peut être stigmatisant pour les jeunes. Les médecins ont donc du mal à poser un diagnostic lourd, qui implique un traitement à long terme.

Le trouble bipolaire est souvent confondu avec une dépression. Quelles sont les conséquences ?

Bruno Etain : Elles portent sur la prescription d’antidépresseurs, qui augmentent le risque de virage maniaque de l’humeur, quand le patient passe brutalement d’une dépression importante à une phase d’excitation. Certains patients atteints de troubles bipolaires y sont particulièrement sensibles. Ne pas repérer que la dépression survient dans un tel cadre favorise l’augmentation du caractère cyclique des troubles, des changements de polarité fréquents et l’évolution vers des cycles rapides, c’est-à-dire plus de quatre épisodes par an.

 

Comment se traite le trouble bipolaire, une fois diagnostiqué ?

Bruno Etain : La base consiste en un traitement régulateur de l’humeur (thymorégulateur), avec trois familles principales : les sels de lithium, les anticonvulsivants et les antipsychotiques atypiques. On attend du régulateur de l’humeur qu’il réduise à la fois la polarité maniaque et dépressive. En pratique, on voit qu’un thymorégulateur va parfois effacer une polarité de manière très efficace, et se montrer moins efficace sur l’autre. Dans ce cas, on est amené à ajouter un autre traitement qui ciblera mieux l'autre polarité. On peut associer des antidépresseurs, si le sujet n’est pas très sensible aux effets du virage maniaque.

Les patients peuvent-ils espérer se passer un jour d’un traitement ?

Bruno Etain : La plupart du temps, les patients arrêtent leur traitement à un moment de leur vie parce qu’ils en ont assez. C’est d’autant plus le cas que si le traitement fonctionne bien, ils peuvent se sentir mieux pendant plusieurs années. Il y a souvent des moments où ils sont en décrochage et ils décident, parfois avec l’accord de leur médecin, de diminuer ou d’arrêter le traitement. L’expérience montre que les troubles réapparaissent assez rapidement. Souvent, cela conduit à une nouvelle prescription médicale, à vie.

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