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Etude à New York

Alimentation: la proximité d'une grande surface ne modifie pas les comportements

Par Audrey Vaugrente

Souvent accusés d’être trop éloignés, les supermarchés ne sont pas totalement responsables des mauvais comportements alimentaires. En effet, leur implantation ne change rien aux habitudes.

RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA

Un supermarché par quartier n’améliore pas l’alimentation de ses habitants. Des chercheurs américains ont analysé les conséquences de l’installation d’une grande surface dans un « désert alimentaire » de New York (Etats-Unis). Les résultats, parus dans Public Health Nutrition, démontrent que les comportements alimentaires n’ont pas changé, pas plus que l’obésité infantile.

 

Toujours autant d’aliments préparés

Dans le quartier défavorisé du Bronx, à New York, certaines zones sont étiquetées comme des « déserts alimentaires. » On n’y trouve aucun supermarché de taille suffisante pour proposer une large gamme d’aliments. Les supérettes et fast-foods, eux, prospèrent. Le quartier de Morrisania a bénéficié d’un programme gouvernemental, qui subventionne l’installation de grandes surfaces. Une équipe du Centre médical Langone, à l’université de New York, a décidé d’évaluer l’impact de cette implantation sur les comportements alimentaires des résidents.

 

Les chercheurs ont réalisé 2 172 sondages de rue avant l’inauguration, dont 363 ont donné lieu à un suivi à deux reprises après l’ouverture du supermarché (5 semaines, 1 an). Les résultats montrent qu’aucune différence majeure n’est survenue dans le quartier de Morrisania par rapport à celui voisin de Highbridge, où aucune grande surface ne s’est ouverte.
« La disponibilité rapportée de fruits et légumes n’a pas été affectée par le nouveau supermarché », soulignent les chercheurs, alors même que les snacks et autres gourmandises sont devenus moins disponibles. Les sondés ne mentionnent pas plus d’aliments sains dans leurs placards. Les habitudes des enfants n’ont pas changé : ils sont toujours aussi nombreux à rapporter des aliments préparés à la maison (51 % avant, 46 % après)… mais les ont achetés au supermarché au lieu de l’épicerie.

 

Un prix souvent élevé

« Les quartiers où vivent les minorités ethniques et les foyers à faible revenu sont mal desservis par les supermarchés par rapport à leur pairs à revenu plus élevé ; il semblerait logique qu’accroître la disponibilité des aliments sains améliorerait l’alimentation », souligne le Dr Brian Elbel, qui a mené l’étude. En effet, plusieurs études accusent le manque de disponibilité des fruits et légumes d’être à l’origine de l’obésité. Mais à court terme, l’implantation d’une grande surface semble avoir peu d’effet.

 

En fait, plus que l’accessibilité aux fruits et légumes, c’est leur coût qui semble freiner les personnes défavorisées. Une étude américaine a établi un lien faible mais solide entre le prix de ces aliments et l’obésité infantile. D’autres travaux, menés au Royaume-Uni cette fois, ont souligné qu’une alimentation saine coûtait trois fois plus cher que la malbouffe. Si rapprocher les fruits et légumes des quartiers défavorisés est un premier pas, rendre leur prix plus raisonnable devra être le deuxième.