ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Une tribune pour interdire le toucher vaginal sur une patiente endormie

Médecins, directeurs d'hôpitaux, journalistes

Une tribune pour interdire le toucher vaginal sur une patiente endormie

Par la rédaction

Alors que l'affaire des touchers vaginaux sur patiente endormie continue à créer la polémique, une tribune signée par des médecins et d'autres personnalités, demande à interdire cette pratique.

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
MOTS-CLÉS :

Face au scandale engendré par la révélation que des médecins et étudiants en médecine pratiquent des touchers vaginaux et rectaux sur patients et patientes endormies, certains n'ont pas voulu se taire plus longtemps. « Doit-on enseigner aux jeunes médecins le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s endormi-e-s au bloc? » : une cinquantaine de médecins, directeurs d’hôpitaux, journalistes et féministes ont signé une tribune demandant la fin de ces pratiques « sans consentement préalable ». Ce genre de geste est « une négation des droits [des patients], celui de recevoir une information loyale sur la façon dont va se dérouler une opération, celui d’accepter ou de refuser tout geste médical », explique ainsi la tribune.

Rappelant que la loi Kouchner impose depuis 2002 qu’ « aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment »,  les auteurs de la tribune expliquent que « ce geste effectué sans consentement pourrait même être assimilé, au sens pénal, à un acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d’autrui par contrainte ou surprise, c’est-à-dire un viol. » Les auteurs précisent que « bon nombre de professionnels de la santé et d’internes nous ont expliqué qu’ils doivent apprendre leur métier, et qu’il est préférable que la patiente ne sente rien, ne se souvienne pas que plusieurs inconnus sont passés la « voir ». »

Une polémique débutée sur Twitter

Parmi les signataires de la tribune, on trouve des personnes du monde médical : Clara de Bort, directrice d’hôpital, Martin Winckler, médecin et écrivain, le Dr Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie ; mais aussi du monde du spectacle comme la chanteuse Juliette ou l'actrice et la réalisatrice Ovidie.

Comme nous le rappelions dans notre enquête publiée en début de semaine, la polémique est née sur Twitter, où un document officiel de la Faculté de médecine de Lyon a fuité mercredi 28 janvier. Il est question dans ce document des savoir-faire acquis par les étudiants au cours de leurs stages d’externat. En service de gynécologie, précise le document, les futurs médecins doivent apprendre à effectuer des touchers vaginaux. Mais, précision de taille : l’apprentissage s’effectue « au bloc opératoire, sur patiente endormie ».


« Au vu de la gravité des pratiques mises au jour », les auteurs de la tribune demandent  « à Najat Vallaud-Belkacem, la Ministre l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de lancer une inspection [...] pour faire toute la lumière sur cette affaire et les conditions de l’apprentissage pratique des futurs médecins de notre pays. »
Ils demandent également « que le recueil du consentement sur les actes pratiqués par des étudiant-e-s soit systématisé dans l’ensemble des hôpitaux français », avant de conclure : « L’éthique ne peut définitivement plus être une simple option dans la formation des médecins français. »