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Deux essais cliniques lancés

Alzheimer : traiter avant les premiers signes

Par Audrey Vaugrente

Deux médicaments seront testés d’ici 2015 en prévention d’Alzheimer. Les essais cliniques évalueront l’efficacité du traitement avant l’apparition des premiers symptômes.

SIPANY/SIPA

Tester un médicament contre Alzheimer… avant même les premiers symptômes. C’est le pari audacieux du Banner Alzheimer’s Institute, avec le soutien du laboratoire suisse Novartis. L’institut lance deux essais cliniques qui évalueront dès 2015 l’efficacité de deux traitements en prévention d’Alzheimer chez des patients à haut risque.

 

Agir contre la bêta-amyloïde

Dans le cadre de ces essais, qui dureront 5 ans, plus de 1 300 patients âgés de 60 à 75 ans en bonne santé recevront soit un placebo, soit un médicament d’immunothérapie, soit un traitement oral. Tous ces volontaires ont un trait particulier : ils portent deux copies de l’apolipoprotéine E (APOE4), associée à un très fort risque de développer Alzheimer, comme c’est le cas de 2 % de la population mondiale. Le premier traitement déclenche une réaction immunitaire contre la bêta-amyloïde, protéine qui s’agglutine en plaques en entraîne un déclin cognitif. Le second inhibe le mécanisme à l’origine de la production de la bêta-amyloïde. 

 

« Il n’y a aucune garantie qu’un de ces traitements à l’étude prévienne le déclenchement clinique de la maladie d’Alzheimer », souligne le Dr Eric Reiman, un des directeurs d’étude pour le Banner Alzheimer’s Institute. « Mais nous sommes reconnaissants d’avoir l’occasion de le découvrir. » Car en plus de déterminer si oui ou non les traitements en question pourraient marcher, les essais pourraient permettre de mettre en évidence l’intérêt d’un traitement anti-amyloïde contre Alzheimer.

 

Des essais qui échouent souvent

Une annonce qui tombe à pic puisque les médecins commencent à s’alarmer des échecs répétés des essais cliniques. Il y a peu, une étude soulignait le taux alarmant d’échec dans les essais testant des molécules contre Alzheimer : 99,6 %. Seul un composé, la mémantine, a été commercialisé depuis 2003. Les auteurs de cette étude ont exhorté à poursuivre la recherche pour comprendre les mécanismes de la maladie, tout en soulignant le trop faible nombre d’essais cliniques. D’autres chercheurs ont tenté d’expliquer ce taux d’échec incroyablement élevé : « Les essais échouent parce qu’au moment où les patients reçoivent les médicaments, le cerveau est déjà trop affecté », analysait le Pr Simon Lovestone, créateur d’un test sanguin pour repérer la maladie un an avant les premiers symptômes.