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Benzodiazépines

Les somnifères particulièrement à risque pour les insuffisants cardiaques

Par Antoine Llorca

La prise de somnifères chez des personnes souffrant d'insuffisance cardiaque augmenterait le risque d'un nouvel épisode cardiaque. L'auteur de l'étude appelle à une surveillance rapprochée de ces malades.

JAUBERT/SIPA

En France, environ 11,5 millions de personnes consomment au moins une fois par an des benzodiazépines. C'est le cas notamment de bon nombre de personnes ayant des problèmes cardiaques. En effet, ils ont tendance à souffrir davantage d'insomnie que le reste de la population. Mais pour les patients souffrant de dysfonction diastolique, c’est à dire d’un problème de remplissage du muscle cardiaque, la prise de somnifères augmenterait drastiquement les risques de problèmes cardiovasculaires. C’est ce que révèle une étude présentée au congrès sur l'insuffisance cardiaque qui se tient actuellement à Athènes.

8 fois plus de risques d'avoir un problème cardiovasculaire

L’équipe du Dr Masahiko Setoguchi a analysé les cas de 111 patients admis pour insuffisance cardiaque au Tokyo Yamate Medical Center entre 2011 et 2013. Son équipe a regroupé des données vitales sur les patients : leur historique médical, les médicaments reçus pendant l’hospitalisation, leurs électrocardiogrammes… Les patients ont été placés dans deux groupes : les patients souffrant de dysfonction diastolique (HFpEF) et les patients souffrant d’une anomalie de la contraction du muscle ventriculaire cardiaque autrement appelée dysfonction systolique (HFrEF). Les patients ont été suivis par les équipes du Dr Setoguchi pendant 180 jours après leur sortie de l’hôpital ou jusqu’au moment un des patients décédaient d’un problème cardiaque.

Sur 47 patients souffrant de HFpEF, seulement 15 sont arrivés au bout des 180 jours d’observation. Pour les autres, ils sont soit décédés ou ils ont été réadmis à l’hôpital pour un nouveau problème cardiaque. Pour comprendre pourquoi plus de la moitié des patients ne sont pas allés jusqu’au bout de ces 180 jours, les chercheurs ont comparé la quantité de somnifère consommés et les taux de sodium dans le sang à l’arrivée à l’hôpital.

Après analyse, le Dr Setoguchi a découvert que les patients, souffrant de HFpEF et à qui on a prescrit des somnifères, avaient 8 fois plus de risques d’être réadmis à l’hôpital pour de l’insuffisance cardiaque ou de mourir d’un problème cardiovasculaire qu’un même patient ne prenant pas de somnifères.

Un besoin de surveillance accrue

Pour l’auteur, cette étude était nécessaire car « le nombre de patients souffrant de HFpEF augmente et devient une plus grande proportion des patients souffrant d’insuffisance cardiaque en générale.» Pour lui, il faudrait peut être remplacé les benzodiazépines car ils auraient « des effets négatifs sur la pression cardiaque ». Pour des personnes souffrant de problèmes respiratoires, les somnifères pourraient « exacerber l’apnée du sommeil et mener à un pronostic bien plus grave » selon le Dr Setoguchi.

Pour l’instant, l’auteur de l’étude ne recommande pas aux patients souffrants de HFpEF d’arrêter de prendre des somnifères tant qu’une étude à grande échelle n’aura pas confirmé les résultats de son étude. Pour autant, il met en garde les professionnels de santé. « Les patients souffrant de HFpEF qui prennent des somnifères, en particulier ceux ayant des problèmes d’apnée du sommeil, doivent être attentivement surveillés » affirme le Dr Setoguchi.