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Rapport de l’OMS

Résistance aux antibiotiques : la menace est devenue une réalité

Par Audrey Vaugrente

Le monde entier est exposé à la résistance aux antibiotiques. Si rien n’est fait, des infections mineures pourraient à nouveau tuer selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

AP/SIPA

« Les antibiotiques, c'est pas automatique ! » Ce slogan célèbre visait à réduire la consommation de ces médicaments en France et brandissait la menace d'une résistance aux antibiotiques. Aujourd'hui, ce n’est plus une menace, mais une réalité. Dans un rapport de surveillance publié ce 30 avril, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dresse ce sombre constat : la résistance bactérienne s’est étendue à toutes les régions du monde.

 

Des infections bénignes pourraient à nouveau tuer

« L’efficacité des antibiotiques est l’un des piliers de notre santé, nous permettant de vivre plus longtemps, en meilleure santé, et de bénéficier de la médecine moderne », souligne le sous-directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire, le Dr Keiji Fukuda. « A moins que les nombreux acteurs concernés agissent d’urgence, […] le monde s’achemine vers une ère postantibiotique, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer », alerte-t-il. Et pour cause : en ne se concentrant que sur 7 bactéries, le rapport de l’OMS constate une résistance dans l’ensemble des régions.

 

Des résistances à haut risque

Le monde entier, l’Europe principalement, est concerné par la résistance à la bactérie Klebsiella pneumomniae. Les infections par cette bactérie, qui touche les intestins, sont relativement courantes. Même constat pour la résistance aux fluoroquinolones, qui traitent les infections urinaires causées par E. coli. Une infection si répandue que, dans certaines régions, plus de la moitié des patients ne répondent pas au traitement. En France, on estime à 70 000 le nombre d'infections urinaires qui résistent aux antibiotiques classiques.

 

Les patients atteints par une bactérie résistante sont donc malades plus longtemps, et risquent davantage de succomber à leur infection, avertit l’OMS. C’est le cas avec le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), qui cause 60 % des infections par staphylocoque en Europe. Le risque de décès bondit dans la même proportion, ce qui entraîne une explosion des coûts de soins. Et des infections aujourd'hui considérées comme anodines pourraient de nouveau tuer. « Les bactéries résistantes aux  antibiotiques sont responsables de 25 000 morts par an en Europe. Ce n’est pas une menace anecdotique », s’indignait en avril dernier Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble.

 

Comment agir ?

Des outils sont pourtant disponibles pour prévenir la résistance aux antibiotiques. Prévenir les infections en améliorant l’hygiène et l’accès à l’eau potable et aux sanitaires constitue la première étape. A l’échelle des patients, il est possible d’agir, signale l’OMS. L’agence recommande de respecter strictement les ordonnances, ne pas partager ses antibiotiques et n’y recourir qu’après prescription. Le rapport exhorte d’ailleurs les agents de santé de ne prescrire et délivrer les antibiotiques que si nécessaire, et d’améliorer la prévention auprès des malades.

Côté responsables politiques, le suivi de la résistance doit encore être amélioré. Dans la plupart des pays de l’Union Européenne, des systèmes de surveillances sont en place. Le reste de la région devrait le prendre en exemple. Dernière étape : garder de l’avance sur la résistance. Pour cela, un travail étroit des gouvernements et des laboratoires est nécessaire.