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Dans les urgences aux Etats-Unis

Encore trop d’enfants traités avec de la codéine

Par Raphaëlle Maruchitch

Une étude américaine fait état qu’un trop grand nombre d’enfants sont encore traités avec de la codéine. Cet antalgique peut en effet dans des cas rares dus à des particularités génétiques être mortellement dangereux.

CLOSON DENIS/ISOPIX/SIPA

L’usage de la codéine chez les enfants - bien qu’ayant connu une légère baisse - reste trop important au sein des services des urgences aux Etats-Unis, rapporte une étude américaine publiée dans la revue Pediatrics. L’étude est basée sur l’analyse de la National Hospital Ambulatory Medical Care Survey, qui rassemble des données recueillies entre 2001 et 2010 sur des patients âgés de 3 à 17 ans dans les services d’urgences américains.
La prescription de codéine est passée de 3,7 % à 2,9 % sur cette période, essentiellement prescrite dans des cas de toux ou d’infection des voies respiratoires supérieures. Si ce chiffre continue d’inquiéter les auteurs de l’étude portée par Naomi S. Bardach, c’est parce que l’usage de la codéine peut représenter un risque pour les enfants.

Pas de codéine pour les enfants en Europe
La codéine est l’un des alcaloïdes contenus dans le pavot, utilisé pour ses propriétés anti-douleur. Cette substance est transformée en morphine dans le foie grâce à une enzyme spécifique. Chez certaines personnes, l’activité de cette enzyme est plus élevée, conduisant à une métabolisation plus rapide de la codéine. Du coup, chez ces patients, « les taux sanguins de morphine sont plus élevés, ce qui fait courir un risque toxique, et notamment un risque d’insuffisance respiratoire », explique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

En France, une seule spécialité à base de codéine est commercialisée comme antalgique chez l’enfant, il s’agit du Codenfan. En Europe, l’usage de la codéine est contre-indiqué chez l’enfant (moins de 12 ans), quel que soit l’âge, après amygdalectomie ou ablation des végétations. Chez l’enfant de plus de 12 ans, elle ne doit être utilisée qu’après échec du paracétamol et/ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens, avec une prescription à la plus faible dose efficace et pour la durée la plus courte possible. Enfin, elle est contre-indiquée au cours de l’allaitement.


Des précédentes recommandations aux Etats-Unis

La sonnette d’alarme concernent l’usage de la codéine chez les enfants avait été tirée suite à des observations faites aux Etats-Unis. Un nombre de cas graves, voire mortels – cependant très rares - de dépression respiratoire y ont été rapportés, chez des enfants qui présentaient la particularité de métaboliser rapidement la codéine, d’après l’ANSM. Ces enfants ont été victimes d’apnées obstructives du sommeil.
L’Europe avait pris connaissance du sujet et émis en 2012 des recommandations via le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC). 
Les auteurs de l’étude s’inquiètent notamment du fait que les recommandations sur l’usage de la codéine dispensées par l’Agence américaine des médicaments en 2006, n’ont pas été associées avec une baisse significative des prescriptions. Ils concluent sur le fait qu’il est nécessaire d’engager d’autres actions afin d’alerter professionnels de santé et parents, afin que la prescription de la codéine chez les enfants soit réduite à son minimum.