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Peu d'effets secondaires

Antidouleur : le venin d’un escargot marin plus puissant que la morphine

Par Audrey Vaugrente

Des chercheurs ont tiré un antidouleur du venin d’un escargot de mer. Il serait bien plus puissant que la morphine, avec moins d’effets secondaires, notamment addictifs.

AP/SIPA
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La nature recèle décidement de nombreux mystères... Des chercheurs ont découvert que le venin d’une espèce de cône marin produit des protéines aux propriétés analgésiques. Une équipe australienne a présenté ce 16 mars, au Congrès de la Société Américaine de Chimie (ACS), un premier médicament dérivé de ce venin.

 

100 fois plus puissant

Traiter les douleurs chroniques, quand elles sont d’origine nerveuse, pose actuellement problème aux médecins. Les douleurs aiguës, stimulées par une blessure, s’estompent avec le temps. Mais les patients atteints de souffrances neuropathiques chroniques (diabète, sclérose en plaques...) possèdent un système nerveux endommagé. Leur souffrance peut donc durer plusieurs mois ou années. Les traitements disponibles pour prendre en charge la douleur, en plus de ne soulager qu’un patient sur trois, s’accompagnent de nombreux effets secondaires. C’est pourquoi les chercheurs ont tenté de définir un nouveau médicament, dérivé du venin du cône marin.

 

Ces escargots marins produisent un venin pour paralyser les petits poissons qu’ils chassent. Très puissant, il contient de petites protéines connues sous le nom de conotoxines. Chez l’homme, elles ont des effets analgésiques. Un essai réalisé sur des rats de laboratoire a dépassé les espoirs de l’équipe : un médicament dérivé des conotoxines s’est montré 100 fois plus puissant que la morphine ou la gabapentine, deux traitements des douleurs chroniques. « Il s’agit d’une étape supplémentaire importante, qui pourrait guider le développement d’une nouvelle classe de médicaments, capable de soulager les formes les plus sévères de douleurs chroniques, que l’on traite encore difficilement », explique le Dr David Craik.

 

Moins addictif

Autre avantage des conotoxines : elles sont moins addictives que les autres traitements disponibles. En effet, elle n’agit pas sur les mêmes récepteurs du cerveau que la morphine. « Nous ne connaissons pas encore les effets secondaires [du traitement] puisqu’il n’a pas encore été testé sur l’homme, » reconnaît le Dr Craik. « Le mécanisme est complètement différent d’avec la morphine, nous pensons donc que la possibilité que ce médicament produise des effets secondaires est minime. C’est l’un des principaux avantages de ce médicament. »

 

Mais ces protéines sont aisément assimilées par le corps et ne peuvent donc pas être ingérées sous forme orale. Le seul médicament dérivé des conotoxines disponible sur le marché est administré de manière invasive : il est injecté à la base de la colonne vertébrale. L’équipe travaille donc au développement d’un nouveau traitement, sous forme orale. Pour cela, les chercheurs ont modifié la structure des protéines pour leur donner une forme circulaire, afin que les enzymes du corps ne les attaquent pas.