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Journée nationale de l’Audition le 13 mars

Acouphènes : 1 Français sur 4 est touché

Par Afsané Sabouhi

Près de 16 millions de Français souffrent ponctuellement ou régulièrement d’acouphènes. Une fois devenus chroniques, le retour au silence est impossible, alertent les ORL.

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

A l’occasion de la 17e journée nationale de l’audition qui se tiendra jeudi 13 mars, les ORL mettent cette année l’accent sur les acouphènes. Selon une enquête IPSOS-Crédit Agricole menée en février, ces perceptions auditives parasites, bourdonnements ou sifflements, concernent 1 Français sur 4 au cours de sa vie, soit près de 16 millions de personnes. La première cause d’acouphène est le traumatisme auditif en milieu professionnel ou lors des loisirs, qu’il s’agisse de la chasse ou de l’écoute de musique amplifiée. « Les normes ont beaucoup progressé en milieu professionnel, mais protéger ses oreilles lorsque l’on va en boîte de nuit n’est pas encore assez rentré dans les mœurs de nos jeunes, regrette le Dr Martine Orhesser, ORL à Paris. Et la législation n’est pas assez stricte pour imposer quoi que ce soit aux propriétaires de discothèques ou de salles de concert. »

 

Consulter dès que l’acouphène persiste plus de 48h

Selon le sondage mené pour la journée nationale de l’audition, 51% des personnes ayant déjà ressenti des acouphènes n’ont pas consulté de médecin. Pourtant « lorsqu’un acouphène dure plus de 48h, il faut absolument consulter, insiste la spécialiste des acouphènes. Si les sifflements persistent jusqu’au lundi après une soirée le samedi soir, c’est qu’il y a eu un vrai traumatisme sonore, qui doit être rapidement pris en charge par des corticoïdes ou des vasodilatateurs avant que l’acouphène ne devienne chronique. »

 

Ecoutez le Dr Martine Orhesser, ORL spécialiste des acouphènes, à Paris : « Ces traumatismes auditifs sont irréversibles, surtout s’ils se répètent. Un jour, les acouphènes qui ne duraient que quelques heures après la soirée en boîte de nuit ne disparaissent plus, ils sont enregistrés par le cerveau. »

 

 

Un problème d’oreille … et de cerveau

Près de 4 millions de Français sont dans cette situation d’acouphènes définitifs, consécutifs d’une perte d’audition même légère et qui peuvent se révéler particulièrement invalidants au quotidien. « Tous les individus ne sont pas gênés. Il faut comprendre que l’acouphène n’est pas qu’un problème d’oreille, ce qui compte, c’est ce que le cerveau en fait », explique le Dr Martine Orhesser, ORL à Paris. En effet, chez certaines personnes, le cerveau trie tout seul ce son parasite alors que chez d’autres, au contraire, il se bloque sur l’acouphène qui en devient alors obsédant. 

 

Ecoutez le Dr Martine Orhesser, ORL spécialiste des acouphènes, à Paris : « L’acouphène peut rester silencieux pendant des années jusqu’à ce qu’une période de stress ou un événement émotionnel provoque pour le cerveau une erreur de tri. »

 

Aider à trouver la tranquillité à défaut de pouvoir rendre le silence

L’enjeu de la prise en charge de ces acouphènes chroniques est donc de réapprendre au cerveau à ignorer le sifflement ou le bourdonnement. Mais il ne suffit pas de renvoyer le patient chez lui en lui affirmant que son cerveau va s’habituer à l’acouphène, il faut une véritable prise en charge. « C’est ce qu’on appelle l’habituation. Cela passe par la sophrologie, la thérapie cognitivo-comportementale ou encore l’hypnose », explique Martine Orhesser. Il existe donc en France plus d’une trentaine d’équipes pluridisciplinaires cherchant à soulager ces patients de leurs acouphènes chroniques, réunies au sein de l’association française des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie (Afrepa). « L’ORL ne peut pas tout faire face aux acouphènes, les psychologues, les sophrologues sont une aide indispensable. De même que les audioprothésistes, car en appareillant les déficits auditifs, même léger, on peut parvenir à créer un effet de masque sur l’acouphène », explique la spécialiste.

Ecoutez le Dr Martine Orhesser : « On ne peut malheureusement pas apporter au patient la guérison qu’il souhaite. Lui rendre le silence est souvent très difficile mais on parvient à ce que le cerveau ne se préoccupe plus de l’acouphène. »