- Le marché français des drogues illicites atteint 6,8 milliards d'euros en 2023.
- Pour la première fois, la cocaïne dépasse le cannabis en termes de chiffre d'affaires.
- Par ailleurs, les psychostimulants comme l'ecstasy ou les amphétamines explosent.
Pour la première fois depuis 2010, la cocaïne devance le cannabis en France en termes de chiffre d'affaires, selon une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiée ce lundi 8 décembre et relayée par Le Monde. Une tendance qui révèle un profond bouleversement du marché des stupéfiants.
Une cocaïne plus pure et moins chère
Intitulée "Taille des marchés des drogues illicites en France (2010-2023)", l'étude estime que les Français ont dépensé 6,8 milliards d'euros en drogues illicites en 2023, soit un chiffre triplé depuis 2010. Ce calcul, détaillé par les chercheurs Christian Ben Lakhdar et Sophie Massin, de l’Université de Lille, repose sur une modélisation mathématique qui croise prix, fréquence, quantité consommée et nombre d'usagers. "La cocaïne continue son expansion en France de manière régulière depuis 2010", souligne le rapport. Elle atteint aujourd'hui 3,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires, contre 2,7 milliards pour le cannabis.
Cette ascension de la cocaïne s'explique par plusieurs facteurs : saturation du marché américain, report vers l'Europe, prix en baisse, pureté inégalée, et circuits de distribution plus modernes. Christian Ben Lakhdar note que le marché du cannabis "semble atteindre une forme de plateau", contrairement aux psychostimulants qui explosent. La cocaïne, acheminée via les ports du nord de l'Europe et d'Espagne, alimente un marché où l'offre ne faiblit pas. Elle se retrouve dans les points de deal, mais aussi sur des canaux numériques, à des prix toujours plus accessibles.
Les psychostimulants en embuscade
Si le duo cocaïne-cannabis représente plus de 90 % du marché, les autres substances ne sont pas en reste. Depuis 2017, les drogues de synthèse affichent une croissance spectaculaire : +637 % pour l'ecstasy-MDMA, +470 % pour les amphétamines. Un succès qui s'explique par une production européenne accrue, des prix attractifs et une popularité croissante dans les milieux festifs et professionnels.
Quant au cannabis, s'il a vu ses volumes croître de 77 % entre 2010 et 2023, sa progression est quasi nulle depuis 2017. L'étude note d’ailleurs une baisse notable chez les jeunes, et une stabilisation du marché autour d'une consommation plus régulière et adulte.



