- 95 % de la population est porteuse du virus BK. L'infection dormante se réactive généralement pendant des périodes d'affaiblissement du système immunitaire comme l'âge ou l’immunodépression.
- Des chercheurs ont découvert que ce virus pourrait être à l'origine du cancer de la vessie.
- Si le lien est confirmé, combattre le virus pourrait aider à réduire les risques de cancer de la vessie.
Le cancer de la vessie touche en moyenne 13.000 personnes et provoque environ 5.000 décès par an en France. Si la maladie est bien connue des médecins, les mécanismes à l’origine du développement de la tumeur maligne gardent des zones d’ombre.
Toutefois, des chercheurs de l’université de York ont fait une découverte de taille. Le cancer de la vessie pourrait être provoqué par la réaction de nos cellules à un virus appelé betapolyomavirus hominis (virus BK), souvent contracté durant l'enfance.
Leurs travaux ont fait l’objet d’un article dans la revue Science Advances, le 3 décembre 2025.
Vessie : le virus BK provoque des lésions dans l’ADN qui favorisent le cancer
Dans un premier temps, l’équipe a examiné les différents dommages de l’ADN observés dans les tissus humains infectés par le virus BK. "Ces profils de dommages à l'ADN ont ensuite été utilisés comme des empreintes digitales sur une scène de crime, pour identifier le « coupable » ou le processus à l'origine des dommages à l'ADN", expliquent les chercheurs dans leur communiqué.
Ce travail a permis de mettre en évidence que l’urothélium, le revêtement interne de la vessie, fait appel à des enzymes antivirales pour combattre le virus et empêcher sa multiplication. Or, cette lutte semble pouvoir provoquer des dommages collatéraux à l'ADN des cellules elles-mêmes. Ce qui entraine des détériorations de l'ADN cellulaire sain assez similaire à celles observées dans l'ADN des cellules cancéreuses de la vessie.
Par ailleurs, les enzymes et les lésions de l'ADN ont été retrouvées, non seulement dans les cellules infectées par le virus BK, mais aussi dans leurs voisines non infectées. "Cet effet spectateur, caractérisé par la formation de mutations de l'ADN potentiellement cancérogènes dans les cellules témoins d'une infection chez leurs voisines, est crucial, car il pourrait expliquer pourquoi les cancers de la vessie ne présentent aucune trace du virus lorsqu'ils sont diagnostiqués plusieurs années plus tard", notent les auteurs.
Combattre le virus BK pour prévenir le cancer de la vessie ?
Selon les estimations, près de 95 % de la population est infectée par le betapolyomavirus hominis pendant l’enfance (sans symptôme le plus souvent). Ce virus n’était connu, jusqu’à maintenant, que pour se réactiver dans un contexte d’immunodépression (greffe) provoquant des atteintes majeures comme des néphropathies ou des cystites hémorragiques.
"Nous trouvons cette recherche extrêmement prometteuse, car elle suggère que le cancer de la vessie pourrait être évitable. De la même manière que nous avons combattu le HPV (virus du papillome humain) pour prévenir les cancers du col de l'utérus, nous pourrions à l'avenir être en mesure de traiter les infections à virus BK à un stade précoce et d'empêcher le développement des cancers de la vessie", souligne l’auteur principal de l’étude, le Dr Simon Baker du département de biologie de l'université de York.
Après avoir mis en lumière un lien entre le virus BK et les lésions à l’origine du cancer de la vessie en laboratoire, le chercheur et ses collègues travaillent sur la conception d'une étude clinique qui permettrait de confirmer le lien de causalité entre l’agent pathogène et la tumeur cancéreuse. "Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour confirmer un lien de causalité, cette étude marque une avancée majeure dans notre compréhension. Si nous savons depuis longtemps que des facteurs comme le tabagisme augmentent le risque de cancer, cette découverte nous permet désormais d’envisager un avenir où nous pourrions éradiquer les cancers de la vessie en stoppant les lésions initiales déclenchées par le virus", conclut le Dr Baker.



