- Les médicaments bêta-bloquants sont souvent prescrits après un infarctus du myocarde.
- Ils n'auraient pas toujours d'intérêt thérapeutique, selon une étude.
- Chez les femmes, ils pourraient augmenter le risque d'effet indésirable.
Depuis plus de 40 ans, les bêta-bloquants sont prescrits aux patients après un infarctus du myocarde. Pourtant, ils ne seraient pas toujours adaptés. D’après une recherche parue dans le New England Journal of Medicine, et présentée lors du Congrès de la Société européenne de cardiologie le 30 août, ces médicaments n’apportent aucun bénéfice en cas d’infarctus sans complication.
Bêta-bloquants : sont-ils vraiment utiles après un infarctus ?
Comme le rappelle la fondation canadienne Coeur et AVC, les bêtabloquants permettent de réduire la "charge de travail imposée au cœur". Ils diminuent la fréquence cardiaque et la pression artérielle. "Si votre cœur est affaibli, certains bêtabloquants peuvent le protéger et l’aider à se renforcer", indique la fondation.
Pour leurs travaux sur ces traitements, baptisés REBOOT, les chercheurs ont recruté plus de 8.500 patients, en Espagne et en Italie. Tous ont été victimes d’un infarctus, mais leur cœur fonctionnait encore correctement. Le groupe a été divisé en deux catégories, dont l’une a reçu des bêta-bloquants après la sortie de l’hôpital. Les participants ont été suivis pendant environ trois ans et demi, pendant lesquels ils ont eu accès aux soins classiques en parallèle du traitement. "Les résultats n'ont montré aucune différence significative entre les deux groupes en termes de taux de mortalité, de récidive d'infarctus du myocarde ou d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque", observent les auteurs de l’étude.
Crise cardiaque : des résultats contradictoires sur l'intérêt des bêta-bloquants
Lors du Congrès de la Société européenne de cardiologie, une équipe de recherche a présenté des résultats opposés. Menée par des chercheurs norvégiens et danois, auprès de 5.500 volontaires, l’étude a montré une réduction de 15 % du risque de récidive grâce aux bêta-bloquants dans un groupe de patients au profil similaire. Dans une interview à Reuters, le Dr Dan Antar, de l’université d’Oslo, développe plusieurs hypothèses pour expliquer ces différences : cela pourrait être lié au fait que les patients n'ont pas tous reçu les mêmes bêtabloquants, aussi les patients scandinaves pourraient avoir été plus sujets aux effets indésirables parce qu'ils étaient légèrement plus âgés que les patients en Espagne et en Italie et qu'un plus grand nombre d'entre eux souffraient d'un léger dysfonctionnement cardiaque.
Bêta-bloquants : des effets indésirables plus fréquents chez les femmes
Lors de l’essai REBOOT, les chercheurs ont constaté une autre disparité : ils ont remarqué que les femmes, prenant des bêta-bloquants, étaient davantage sujettes aux effets secondaires. "Elles présentaient un risque absolu de mortalité supérieur de 2,7 % à celles non traitées par bêta-bloquants pendant les 3,7 années de suivi de l’étude", concluent-ils. Ils précisent que ce risque accru était limité aux femmes dont la fonction cardiaque était parfaitement normale après un infarctus du myocarde. "Les femmes présentant une légère détérioration de la fonction cardiaque ne présentaient pas de risque accru d'événements indésirables sous traitement par bêta-bloquants", préviennent-ils.
Si d’autres travaux seront nécessaires pour confirmer ces données, le Dr Borja Ibáñez, auteur principal de la recherche menée en Espagne et en Italie, estime que ces résultats contribueront d’ores et déjà à "rationaliser le traitement, à réduire les effets secondaires et à améliorer la qualité de vie de milliers de patients chaque année".



