- Dans cette nouvelle étude, 16 jeunes souffrant de troubles de l'humeur émergents présentaient au moins deux rythmes circadiens décalés.
- "Nous observons un type de perturbation circadienne plus extrême, où les horloges ne sont pas seulement retardées, mais aussi décalées", selon les chercheurs.
- Chez les patients, des cycles de température corporelle plus précoces étaient associés à des symptômes dépressifs plus sévères.
"Malgré les preuves établissant un lien entre dysfonctionnement circadien et troubles de l'humeur, les précédentes recherches se sont principalement concentrées sur des marqueurs biologiques uniques de l'alignement circadien", selon des scientifiques de l’université de Sydney (Australie). Les données disponibles sur les associations entre deux marqueurs de phase interne, à savoir l'apparition de la mélatonine à faible luminosité et le pic de cortisol, suggèrent que ces signaux pourraient être temporellement décalés en cas de trouble dépressif.
3 mesures clés de la régulation de l'horloge biologique examinés simultanément
Afin de vérifier cette hypothèse, les scientifiques ont mené une étude visant à examiner plusieurs marqueurs de phase circadienne pour déterminer si les jeunes présentant des troubles de l'humeur émergents présentent des signes évidents de décalage circadien interne et si le degré de décalage circadien est corrélé à des symptômes plus sévères. Pour cela, ils ont suivi 69 patients de 16 à 35 ans qui ont consulté des médecins dans des cliniques de santé mentale de Sydney. Dans un autre groupe, 19 personnes sans antécédents de maladie mentale ont été recrutées.
Lors de l’intervention, les volontaires des deux groupes ont été surveillés de près toute la nuit dans un laboratoire de chronobiologie afin de mesurer leurs hormones liées au sommeil et à l'horloge biologique, avant et après le sommeil. Par la suite, les auteurs se sont concentrés sur la mélatonine, une hormone qui signale à notre corps qu'il est temps de dormir, le taux de cortisol, une hormone dont le taux est maximal le matin, dans la salive et la température corporelle, qui a été enregistrée en continu à l'aide d'un capteur avalé par les participants. La gravité des symptômes dépressifs a également été évaluée.
Près d'un quart des jeunes dépressifs présentaient un rythme circadien décalé
"Nous avons constaté que 23 % des patients souffraient d'une sorte de décalage horaire physiologique", a déclaré Joanne Carpenter, auteure principale des travaux publiés dans la revue Journal of Biological Rhythms. Le phénomène observé était similaire à celui observé lors de voyages où les personnes changent de fuseaux horaires ou de travail de nuit, lorsque l'horloge biologique se désynchronise de l'environnement extérieur.
"Cependant, nous observons ici un décalage des rythmes circadiens au sein du corps, une sorte de décalage horaire interne. Si l'on observe effectivement des adolescents qui dorment plus tard en raison de décalages développementaux normaux de l'horloge biologique vers un rythme plus tardif au cours de l'adolescence, nous observons ici un type de perturbation circadienne plus extrême, où les horloges ne sont pas seulement retardées, mais aussi décalées", ont expliqué les auteurs.
Dépression : un "décalage horaire interne" important lié à des symptômes plus sévères
Autre constat : un lien entre le degré de désynchronisation des horloges biologiques des patients et la gravité de leurs symptômes dépressifs. Plus précisément, des symptômes dépressifs plus importants étaient liés à des cycles de température corporelle plus précoces que les autres rythmes et schémas veille-sommeil. "Ces premières données probantes ouvrent de nouvelles perspectives prometteuses pour étudier et potentiellement traiter les troubles mentaux courants et, espérons-le, améliorer la vie de milliers de jeunes souffrant de dépression et d'anxiété", a conclu Joanne Carpenter.



