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Une étude menée dans 5 pays européens

Infarctus et pollution : les seuils d'exposition toujours trop élevés

Par la rédaction

La pollution atmosphérique augmente le risque de crise cardiaque même avec des niveaux d'exposition inférieurs aux limites européennes actuellement en vigueur.  

STEPHEN SHAVER/NEWSCOM/SIPA

L'exposition à long terme aux particules de l'air extérieur serait fortement liée au risque de crise cardiaque et de crise d'angine de poitrine. Et cette association persisterait à des niveaux d'exposition en dessous des limites européennes autorisés actuellement. C’est le résultat d’une étude réalisée par le département d’épidémiologie de Rome qui vient d’être publiée ce mercredi dans le BMJ. Pour parvenir à ces résultats, les auteurs de ce travail ont inclus entre 1997 et 2007 plus de 100 000 volontaires de 5 pays européens et ils les ont suivis pendant 11,5 ans en moyenne. Au moment de leur entrée dans l’étude, les participants n’avaient pas d’antécédent de maladie coronaire.

 

Un risque d’infarctus augmenté de 13% avec les particules fines

Dans cette étude au final, 5157 participants ont été victimes d’un événement cardiaque. Les auteurs ont donc montré qu’une hausse de pollution aux particules fines (PM2,5), celles capables de pénétrer le plus profondément dans les poumons, de 5 microgrammes par m3, ferait grimper le risque d' infarctus de 13%, y compris lorsque l’on prend en compte d'autres facteurs de risque tels que le tabagisme. Et le constat est le même pour les particules plus grandes, les PM10 : une augmentation de 10 microgrammes par m3 se traduit par une hausse de ce même risque de 12%. Mais ce qui inquiète le plus ces scientifiques c’est que ces associations sont restées identiques même lorsque les niveaux d'exposition étaient inférieurs aux limites européennes autorisées actuellement.

 

Des résultats en faveur d’un baisse des limites actuelles d’exposition

Pour les auteurs de cette étude, qui est d’ailleurs la plus grande jamais menée pour analyser l’impact de l'exposition à la pollution en Europe, ces résultats plaident en faveur de l'abaissement des limites actuelles de l'UE en matière de pollution aux particules. Ils rappellent que les valeurs seuils d’exposition en vigueur dans l'UE sont déjà deux fois plus élevées que ceux recommandés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Il ne fait aucun doute que la poursuite de la réduction des concentrations de particules entraînerait une amélioration de la santé cardiaque en Europe, confie Jon Ayres, professeur de médecine environnementale et respiratoire à l'Université de Birmingham à BBC News. On ne peut qu'espérer que nos politiciens européens soient convaincus de l'importance de ces résultats et réévaluent leur position sur la pollution de l'air en Europe ».


Dans un éditorial accompagnant la publication de cette étude, les professeurs Michael Brauer et John Mancini, de l'Université de la Colombie Britannique, estiment que ces résultats sont importants pour la gestion de la qualité de l'air en Europe. Se référant à une autre étude menée en Chine publiée antérieurement dans le BMJ, ils concluent : «L'impact important de la pollution de l'air sur les maladies cardiovasculaires mis en évidence par ces deux études soutient les efforts pour répondre aux normes de qualité de l'air encore plus strictes que celles qui existent. Cela permettra de réduire la morbidité et la mortalité cardio-vasculaire ».