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Esthétique : le nombre d'injections illégales bat tous les records... au péril des patients !

Par Diane Cacciarella

C’est un constat inquiétant pour la santé des patients : en 2023, il y a eu 104 signalements d’actes illégaux à visée esthétique, principalement des injections d’acide hyaluronique, selon le Conseil national de l’ordre des médecins, soit deux fois plus qu'en 2022. 

Ruslan malysh/iStock
En 2023, il y a eu 104 signalements d’actes illégaux à visée esthétique, d’après le Conseil national de l’ordre des médecins.
C’est plus qu’en 2022, année durant laquelle le Conseil national de l’ordre des médecins a référencé 55 signalements d’actes illégaux à visée esthétique.
Ces actes illégaux peuvent également avoir de graves conséquences sur la santé des patients.

Les signalements d’actes illégaux à visée esthétique ont fortement augmenté entre 2022 et 2023, passant de 55 à 104, selon Conseil national de l’ordre des médecins, dont “75 ont fait l’objet d’une saisine du procureur”, rapporte Le Parisien

Des injections illégales et dangereuses pour la santé

Ces actes illégaux à visée esthétique sont principalement des injections que, ceux qui se font passer pour des médecins, proposent de faire à prix cassés. Elles sont illégales et réalisées, le plus souvent, par des personnes qui ne sont pas formées. D’ailleurs, même si la publicité est interdite pour les professionnels de santé, des publications font la promotion de ces actes sur les réseaux sociaux. 

Il y a toujours énormément de fausses injectrices en activité, explique Adel Louafi, président du Syndicat national de la chirurgie esthétique (SNCPRE), qui lance une alerte dans Le Parisien. À l’époque, on estimait qu’il y en avait plusieurs centaines. Le phénomène perdure malgré les alertes.

Moins chers et illégaux, ces actes peuvent être ratés. Nathanel Edery, chirurgien plastique et esthétique, explique à BFMTV que beaucoup de patientes - car ce sont souvent des femmes - viennent dans son cabinet pour rattraper les dégâts. "On en voit de plus en plus souvent, indique-t-il. Moi, personnellement, une à deux fois par semaine. Chez mes collègues, c'est sensiblement pareil."

Plus grave, au-delà de l’aspect esthétique, ces actes illégaux peuvent également avoir des conséquences sur la santé des patients : “Risque de cécité, perte de la vue, perte d'un œil, nécrose du nez, des lèvres, de certaines extrémités”, détaille Catherine Bergeret-Galley, secrétaire générale du syndicat national de la chirurgie esthétique, à BFMTV.

En 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelait dans un communiqué que seuls les médecins étaient habilités à réaliser des injections d’acide hyaluronique à visée esthétique. L’instance dressait aussi une liste des effets secondaires à court terme et à long terme.

Légiférer pour éviter ces dérives de la chirurgie esthétique

Les pouvoirs publics tentent d’agir contre ce fléau, d’abord en condamnant les auteurs. L’affaire du “Doctor Lougayne” en est un exemple. Derrière ce nom, deux sœurs se faisaient passer pour des médecins et réalisaient des injections d’acide hyaluronique, sans aucune formation. 600 personnes sont passées entre leurs mains, dont 24 ont porté plainte. En septembre dernier, elles ont été condamnées : quatre ans de prison ferme, dont trois avec sursis pour la plus impliquée et deux ans avec sursis pour la sœur qui l’assistait. 

Face à ce fléau, le monde médical interpelle. En mars 2023, dans Le Parisien, 200 chirurgiens esthétiques ont lancé un appel pour interdire la vente d’acide hyaluronique au public en France, disponible sous forme de seringues préremplies en pharmacie. 

Les pouvoirs publics agissent aussi. En novembre 2023, un projet de décret a été déposé par la France auprès de la Commission européenne. Celui-ci demande l'interdiction de la vente en ligne et la limitation de la délivrance des produits injectables à base d’acide hyaluronique “aux médecins et aux chirurgiens-dentistes pour leur usage professionnel, ou, sur leur prescription, à un patient”.

Des questions de santé publique majeures car de nombreuses personnes ont recours à la chirurgie esthétique, et de plus en plus jeune. Selon un article du Parisien publié en 2019,  pour la première fois, les 18-34 ans ont davantage recours à la chirurgie esthétique que les 50-60 ans.