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Génétique

Douleur : notre sensibilité serait liée à des gènes de Néandertal 

Par Joséphine Argence

Des chercheurs ont observé que les personnes porteuses de trois mutations du gène SCN9A seraient plus vulnérables à la douleur. 

Viktoria Korobova/IStock
La sensibilité à la douleur est un phénomène subjectif, qui varie en fonction des individus et de leur environnement affectif, socio-culturel ou religieux.
Le fait d’être porteur de trois variantes, héritées des Néandertaliens, du gène SCN9A, pourrait influencer notre perception de la douleur.
Les personnes porteuses de ces trois variantes génétiques présentaient une plus grande sensibilité à la douleur par rapport aux individus porteurs d'une seule variante.

La perception de la douleur varie en fonction des individus. Certaines personnes supportent très bien une importante blessure alors que d’autres souffrent terriblement en raison d’un petit choc. Comme l’explique l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le ressenti de la douleur est "un phénomène très subjectif qui peut être extrêmement différent selon les individus, mais aussi chez une même personne, selon son environnement. Le contexte affectif, socio-culturel, ethnologique ou religieux peut largement moduler la perception de la douleur." 

D’après une étude internationale publiée dans Communications Biology, les personnes porteuses de trois variantes du gène SCN9A, héritées des Néandertaliens, pourraient également être plus sensibles à la douleur. 

Sensibilité à la douleur : trois mutations du gène SCN9A impliquées 

Cette nouvelle recherche a été menée par des scientifiques de l’University College London (Royaume-Uni), de l’université d’Aix-Marseille, de l’université de Toulouse, de l'Open University, de l'université de Fudan et de l'université d’Oxford. Pour les besoins de ces travaux, l’équipe internationale a examiné les données de 5.971 personnes originaires du Brésil, du Chili, de Colombie, du Mexique et du Pérou, afin d’analyser la région génomique comprenant le gène SCN9A. 

Le gène SCN9A participe au contrôle de la réponse de l’organisme à la douleur. L’amplification ou l’atténuation de la douleur dépend donc de la mutation portée par un individu. Lors de leurs expériences, les chercheurs ont observé que la variante D1908G du gène était présente dans environ 20 % des chromosomes de la population étudiée. Ils ont également constaté que près de 30 % des chromosomes porteurs de cette variante avaient également les variantes M932L et V991L.

"La variation de notre code génétique peut modifier notre perception de la douleur"

Les participants porteurs de trois variantes avaient un seuil de douleur plus bas en réponse à une piqûre de la peau après une exposition préalable à l'huile de moutarde. Néanmoins, ce n’était pas le cas après une exposition à la chaleur ou à une pression. Les chercheurs ont aussi remarqué que le fait d’être porteur des trois mutations était associé à une plus grande sensibilité à la douleur que le fait d'être porteur d'une seule variante.

D’après les conclusions, les trois variantes néandertaliennes étaient plus fréquentes dans les populations qui présentaient des proportions plus élevées d'ascendance amérindienne, comme la population péruvienne. Les croisements passés avec les hommes de Néandertal ont donc une influence sur la génétique des humains modernes, ont affirmé les chercheurs. "Nous avons montré comment la variation de notre code génétique peut modifier notre perception de la douleur, y compris les gènes que les humains modernes ont acquis des Néandertaliens. Mais les gènes ne sont qu'un des nombreux facteurs, dont l'environnement, l'expérience passée et les facteurs psychologiques, qui influencent la douleur", a noté le Dr Pierre Faux de l’université d’Aix-Marseille et de l’université de Toulouse.