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QUESTION D'ACTU

Crise des opioïdes

Douleurs au cou et au dos : les opioïdes ne font pas mieux que le placebo

La prise d’opioïdes ne soulage pas mieux les douleurs aigües du dos et du cou qu’un placebo. À long terme, ils sont même moins efficaces. 

Douleurs au cou et au dos : les opioïdes ne font pas mieux que le placebo Rattankun Thongbun/istock




L'ESSENTIEL
  • Les opioïdes sont parfois prescrits dans le traitement des douleurs aigües du cou et du dos.
  • Une étude montre qu'ils ne sont pas plus efficaces qu'un placebo, voire qu'ils peuvent aggraver les douleurs à long terme.
  • Par ailleurs, ces médicaments présentent un risque élevé d'addiction.

La crise des opioïdes a fait plus de 450.000 morts aux États-Unis depuis 1999. La mauvaise utilisation et les surdosages de ces médicaments anti-douleurs sont la cause de ces décès. Des scientifiques s’interrogent sur la pertinence de leur prescription dans certains cas. Dans The Lancet, une équipe de l’université de Sydney démontre qu’ils sont inutiles dans la prise en charge des douleurs aigües du cou et du dos. "Les opioïdes ne sont pas plus efficaces qu'un placebo pour soulager les douleurs aiguës du dos et du cou et peuvent même causer des dommages", estiment les auteurs. 

Douleurs au dos et au cou : les opioïdes ne sont pas si efficaces 

Leur essai rassemble environ 350 participants australiens. Tous souffraient de douleurs soudaines au dos ou au cou et ont été répartis dans deux groupes : le premier a suivi un traitement de six semaines avec un opioïde commun et les autres ont pris un placebo pendant la même durée. Les médecins ont aussi fourni des conseils aux deux groupes : notamment d’éviter de rester allongé et de bouger. Au bout de six semaines, les chercheurs ont constaté que les personnes ayant pris des opioïdes n’allaient pas mieux que celles qui avaient pris le placebo. Leurs niveaux de douleur étaient similaires.

À plus long terme, les personnes sous opioïdes déclaraient avoir une qualité de vie plus dégradée et davantage de douleurs, en comparaison au groupe placebo. "Au bout d’un an, le score de douleur moyen dans le groupe placebo était un peu plus faible : 2,4 dans le groupe opioïde contre 1,8 dans le groupe placebo", observent les auteurs. Enfin, les autres ont relevé un risque, faible mais significatif, d’une mauvaise utilisation des opioïdes douze mois après l’étude. "Nous avons clairement montré qu'il n'y a aucun avantage à prescrire un opioïde pour la gestion de la douleur chez les personnes souffrant de douleurs aiguës au dos ou au cou, et en fait, cela pourrait causer des dommages à long terme, même avec un traitement de courte durée uniquement", explique l’autrice principale de l’étude, Christine Lin. 

Opioïdes : ils ne doivent plus être prescrits en cas de douleurs aigües au dos et au cou

Or actuellement, les opioïdes sont considérés comme un traitement de dernier recours en cas de douleurs au dos et au cou. "Cette étude est la preuve que les opioïdes ne devraient pas du tout être recommandés", concluent les auteurs. "Les douleurs lombaires et cervicales peuvent gravement affecter la qualité de vie des patients, nous devons donc leur offrir les meilleures options pour les aider à gérer leur douleur, mais les opioïdes ne fonctionnent pas et comportent de graves risques, insiste Christine Lin. Au lieu de cela, les médecins devraient être encouragés à se concentrer sur des approches centrées sur le patient, qui pourraient inclure des conseils pour rester actif et de simples analgésiques. La bonne nouvelle est que la plupart des personnes souffrant de lombalgie aiguë et de douleurs au cou se rétablissent naturellement en 6 semaines."

 

L’utilisation croissante des opioïdes en Australie 

Cette étude est publiée alors que l’Australie est elle aussi confrontée à une utilisation croissante des opioïdes. Dans le cas des douleurs au cou et au dos, les auteurs de l’étude estiment que ces médicaments sont encore prescrits dans 40 à 70 % des cas. "Les effets nocifs potentiels des opioïdes sont bien connus, souligne Andrew McLachlan, doyen de l’école de pharmacie de cette étude et co-auteur. Ils vont d’effets mineurs tels que la constipation et la somnolence à des effets majeurs comme la dépendance, la toxicomanie, la surdose et même la mort involontaire." Selon l'Organisation mondiale de la santé, environ 350.000 décès dans le monde sont liés aux opioïdes et dans 30 % des cas, il s'agit d'une surdose.

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