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Après la Réunion

Hospitalisations, décès : la grippe s'annonce plus sévère

Par Mathias Germain

Le virus H1N1 responsable de l'épidémie de 2009 devrait être actif cet hiver en métropole. A la Réunion, où il a sévi entre les mois de mai et août derniers, les hospitalisations ont été plus graves.

J.M. Guyon - Copyright 2/AP/SIPA

Attention, la grippe s’annonce plus sévère que l’année dernière. Cette prévision n’est pas issue d’une illumination de Madame Irma, mais d’une analyse très précise de ce qui s’est passé sur l’île de la Réunion pendant l’hiver austral 2013, c’est-à-dire du mois de mai au mois d’août dernier. Pendant cette période, les hospitalisations pour cause de grippe ont été plus élevées qu’en 2012. Et surtout, les situations étaient plus graves : malgré les soins intensifs, il y a eu 46 % de mortalité, soit près d’un malade sur deux.
Ce lourd bilan a poussé les équipes d’un service de réanimation du CHU de Saint Denis de la Réunion à analyser les dossiers de plus près. « Nous avons constaté que plus de la moitié des malades étaient infectés par le virus influenza A H1N1, le reste par d’autres souches A comme le H3N2 et quatre cas par la souche B , a indiqué le Dr David Vandroux, responsable du service de rénimation de l’hôpital Félix Guyon à Saint-Denis. Deuxième constat, la grande majorité des personnes hospitalisées pour cause de grippe avaient d’autres pathologies comme le diabète, l’insuffisance rénale, ou des maladies respiratoires.

Ecouter le Dr David Vandroux, chef du service de réanimation de l’hôpital Félix Guyon au CHU Saint-Denis de la Réunion. « Nous avons eu une mortalité supérieure aux années précédentes ».


Autre enseignement, le virus influenza A H1N1 n’a pas eu les mêmes caractéristiques qu’en 2009. « Etonnament, il s’est comporté comme les autres souches virales, a précisé le réanimateur. Par exemple, il a moins touché les jeunes générations puisque la moyenne d’âge des personnes hospitalisées est passé de 39 ans en 2009 à 55 ans en 2013. Ensuite, les comorbidités des personnes hospitalisées ne variaient pas entre les différentes souches de virus, et les durées d’hospitalisation étaient à peu près identiques.

Ecouter le Dr David Vandroux. « Les deux principaux enseignements que nous avons tiré de cette étude, c’est d’une part la ré-émergence du virus A H1NI et d’autre part le fait qu’il ait un comportement plus proche d’une épidémie saisonnière classique. »



Pour le moment, selon les réseaux de surveillance, la grippe n’est pas très active en métropole. Mais ce qui s’est passé dans notre département d’Outre-mer, situé en plein Océan indien, est annonciateur de ce qui se produira cet hiver dans l’hémisphère nord. En effet, depuis la pandémie de 2009, les réseaux de surveillance de la grippe regardent à la loupe ce qui se passe dans nos départements ultra-marins. Et depuis quatre ans, les caractéristiques de la grippe observées à La Réunion se retrouvent six mois après dans l’hexagone.

Ecouter le Dr David Vandroux. « Nous avons quatre ans d’expériences et de recul, où les types viraux qui sévissent à la Réunion six mois plus tôt sont les mêmes ensuite en métropole. »


La bonne nouvelle est que la composition du vaccin contre la grippe saisonnière disponible depuis la fin octobre correspond bien à ce qui a été observé à la Réunion. Il contient deux souches de virus influenza A(H1N1) et A(H3N2) et une souche de virus influenza B.