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Service de santé britannique

Alerte : les recours à la chirurgie génitale explosent chez les ados

Par Audrey Vaugrente

Les opérations de réduction des lèvres sont toujours plus nombreuses en Grande-Bretagne. La faute à des représentations faussées du corps féminin.

SAURA PASCAL/SIPA

La pop culture et la pornographie n’ont pas fini de faire des dégâts chez les jeunes femmes. Le service de santé britannique, le NHS, lance ce 15 novembre une alerte concrnant les chirurgies génitales. Entre 2008 et 2012, 266 réductions des lèvres ont été effectuées chez des jeunes filles de moins de 14 ans selon les statistiques officielles. Tous âges confondus, ce sont 2 000 opérations de ce type qui ont été réalisées en 2010. Selon un rapport du Comité éthique du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG), ce pourrait n’être que la face émergée de l’iceberg : les cliniques privées ne sont pas incluses dans ces statistiques.

 

Cinq fois plus d’opérations

Les chirurgies esthétiques génitales sont la plupart du temps inutiles. Une réduction labiale, l’opération la plus courante, est possible pour les femmes qui ont des problèmes d’hygiène, lors de relations sexuelles ou au cours d’une activité physique. Mais dans la plupart des cas, les patientes évoquent des motifs esthétiques selon le rapport du RCOG. Si, dans certains cas extrêmes, il existe bien une déformation des lèvres, la majorité des opérations est uniquement cosmétiques. Pourtant, les risques sur le court terme sont bien présents : saignements et infections du vagin.

 

Au cours de la dernière décennie, le nombre de réductions labiales relevées par le NHS a quintuplé. Le RCOG note que de plus en plus de femmes font appel à ce type de services, y compris des adolescentes. Les chiffres de l’Association britannique pour la gynécologie pédiatrique et adolescente n’indiquent aucune hausse du nombre de pathologies génitales alors que le nombre d’opérations explose.

 

Informer les jeunes femmes

Les experts du RCOG affirment qu’une opération des parties génitales ne devrait pas être effectuée chez des mineures, hors circonstances exceptionnelles. Cette recommandation s’applique plus largement : aucune femme ne devrait subir une telle modification sans justification médicale. Dame Suzi Leather, titulaire de la chaire du Comité éthique, évoque un manque grave d’information autour de ces opérations. Les femmes ne sont pas conscientes des variations naturelles de l’appareil génital.

 

« Donner aux patientes une idée bien plus exacte de ce qui est normal ou non les aidera à faire des choix plus raisonnés. Si vous êtes anxieuse à propos de vos parties génitales, et que vous regardez sur Internet, vous tombez soit sur des publicités pour la chirurgie esthétique, soit sur de la pornographie. Vous ne trouverez pas d’informations sur ce qui est normal ou sur ce à quoi une vulve saine ressemble, » affirme la scientifique. Le rapport du RCOG abonde dans son sens : il faut mieux informer les jeunes filles dès le plus jeune âge.

 

Dame Leather s’inquiète aussi de l’accès aisé des jeunes filles à ce type d’opérations. En aucun cas ce ne devrait être possible, dans la mesure où le développement génital n’est pas achevé. Au-delà de ces risques, il n’existe aucune preuve fiable que cette procédure ait des effets positifs – physiques ou psychiques – sur les patientes.

 

Interdire la publicité

Le RCOG évoque les ravages de la pop culture et de la pornographie. Elles offrent une image distordue du corps de la femme, sans aucune prise en compte des variations qu’offre la nature. La majorité des femmes souhaite être opérée à cause de ces représentations. Le Comité éthique tire la sonnette d’alarme à ce sujet.

 

Mais la publicité n’est pas épargnée non plus. Les cliniques privées encouragent les femmes à se faire opérer pour des motifs esthétiques. L’Association britannique des chirurgiens plastiques, reconstructeurs et esthétiques pointe une mauvaise réglementation en la matière. « Nous souhaitons une régulation centrale plus stricte et plus ferme des opérations esthétiques pour aider à freiner quiconque pratique ces opérations sans nécessité et sans considération pour la patiente, » affirme Tim Goodacre, directeur du département des normes professionnelles. « Nous utilisons des restrictions strictes avec l’objectif ferme de limiter tout autre matériel que celui destiné à l’information. Les publicités qui pourraient être considérées comme persuasives devraient être interdites. »

 

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