ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Alzheimer : un test permet de détecter la maladie 3,5 ans plus tôt

Maladie neurodégénérative

Alzheimer : un test permet de détecter la maladie 3,5 ans plus tôt

Par Diane Cacciarella

Un test sanguin pourrait permettre de dépister la maladie d’Alzheimer jusqu'à 3,5 ans avant le diagnostic clinique. 

Chinnapong/iStock
Seuls 1,2 à 2 % des cas de la maladie d’Alzheimer sont héréditaires, selon l’Inserm.
1,2 million de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France selon l’Assurance maladie.

15 % des personnes de plus de 80 ans sont atteintes de la maladie d’Alzheimer, selon l’Assurance maladie. Cette pathologie est due à la dégénérescence des neurones du cerveau et se traduit par des troubles de la mémoire, de l'exécution de gestes simples, de l'orientation dans le temps et l'espace, etc. Actuellement, le dépistage se fait en plusieurs étapes avec la première évaluation des symptômes par le médecin traitant, puis une consultation de mémoire et le bilan. Mais le diagnostic est parfois complexe, car les signes du trouble sont difficiles à analyser. Le dépistage de la maladie d’Alzheimer est crucial, car plus la pathologie est repérée tôt, plus la prise en charge pourra démarrer rapidement et ainsi ralentir la progression. 

Alzheimer : un test sanguin pour dépister la maladie 3,5 ans plus tôt

Une étude publiée dans la revue Brain offre peut-être une nouvelle piste pour dépister la maladie. En effet, des chercheurs ont découvert que les analyses de sang pouvaient permettre de la détecter. Et le test sanguin qu’ils ont mis au point serait même plus efficace que le diagnostic clinique, avec environ 3,5 ans d’avance. 

Au début de la recherche, les scientifiques sont partis de l’hypothèse que les composants du sang pouvaient moduler la neurogenèse, c’est-à-dire la création de nouveaux neurones dans l’hippocampe, une région du cerveau très impliquée dans l'apprentissage et la mémoire. “Dans notre étude, nous avons analysé les cellules cérébrales avec du sang prélevé sur des personnes atteintes de troubles cognitifs légers, en analysant comment ces cellules ont changé en réponse au sang au fur et à mesure que la maladie d'Alzheimer progressait”, explique le Dr Aleksandra Maruszak, l’une des auteures.

Pour cela, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang sur plusieurs années auprès de 56 personnes atteintes de troubles cognitifs légers, dont 36 ont reçu un diagnostic d’Alzheimer au cours de l’expérience. L’objectif était donc d’étudier l’impact du sang et du système cardiovasculaire sur les cellules cérébrales. Ainsi, les scientifiques ont découvert que le sang des malades atteint d'Alzheimer avait favorisé la diminution de la croissance et de la division cellulaires et accéléré le processus par lequel les cellules sont programmées pour mourir. 

Dépistage sanguin : des essais à grande échelle nécessaires

Des études antérieures ont montré que le sang de jeunes souris peut avoir un effet rajeunissant sur la cognition des souris plus âgées en améliorant la neurogenèse hippocampique, explique le Pr Sandrine Thuret, auteure principale de l’étude. Cela nous a donné l'idée de modéliser le processus de neurogenèse en utilisant des cellules cérébrales et du sang humain. Dans notre étude, nous avons cherché à utiliser ce modèle pour comprendre le processus de neurogenèse et à utiliser les changements dans ce processus pour prédire la maladie d'Alzheimer. Nous avons trouvé la première preuve chez l'homme que le système cardiovasculaire peut avoir un effet sur la capacité du cerveau à former de nouvelles cellules.”

Pour mettre au point leur test sanguin, les chercheurs ont utilisé les premiers échantillons de sang prélevés sur les participants qui ont ensuite été diagnostiqués avec la maladie d'Alzheimer. Ainsi, ils ont découvert que les changements dans la neurogenèse se produisaient 3,5 ans avant un diagnostic clinique… D’où l’idée de faire un dépistage sanguin. “Nos découvertes sont extrêmement importantes, elles nous permettent de dépister de manière précoce et non invasive la maladie d'Alzheimer”, explique le Dr Edina Silajdžić, auteure de l’étude. 

Néanmoins, les chercheurs estiment que d’autres recherches devront être menées sur un plus grand nombre de personnes pour vérifier leurs résultats.