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Étude

Addiction : la méditation de pleine conscience permet de se défaire des opioïdes

Par Rafaël Andraud

Selon une étude américaine, l'apprentissage de la méditation de pleine conscience pourrait aider le cerveau des patients à se libérer de l'addiction aux opioïdes.

NiseriN/iStock
Les opioïdes sont des médicaments aux propriétés analgésiques utilisés principalement pour soulager la douleur. Ils peuvent aussi être produits ou obtenus illégalement.
Ils ont différents effets secondaires, les plus graves étant le risque de dépendance ou d’overdose, surtout quand la consommation se fait hors du cadre médical.
D’après les estimations de l’OMS, quelque 115.000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes en 2017. Les surdoses d’opioïdes, dont l’issue n’est pas forcément fatale, sont plus courantes que les surdoses mortelles.

L’addiction aux opioïdes est un problème de santé publique qui s'aggrave dans de nombreux pays sur le continent américain et européen, notamment depuis la crise de la Covid-19. Néanmoins, une équipe de chercheurs de l'université de l'Utah aux États-Unis a trouvé une façon de s’en défaire : la méditation de pleine conscience. Leur étude est accessible en ligne sur le site de la revue Science.

Méditation : 15 minutes par jour ont suffi pour aider les patients addicts

Menée par le Dr Eric Garland, un psychothérapeute spécialiste de la thérapie basée sur la pleine conscience, l'équipe de chercheurs a découvert qu’il était possible d’aider les patients addicts à ces médicaments habituellement prescrits pour soulager les douleurs chroniques. Comment ? En dispensant des séances de psychologie deux heures par semaine pendant deux mois, avec un petit quelque chose en plus : quinze minutes de méditation par jour.

Grâce à ce programme, les patients ont réussi à réguler leur consommation. L’amélioration s’est maintenue plus de neuf mois après, ce qui prouve que le cerveau a appris à se libérer de l'emprise des drogues.

La méditation de pleine conscience susciterait l'apparition d'ondes spéciales visibles par électroencéphalographie (EEG) à l'avant du cerveau des patients, des ondes thêta entre 4 et 8 hertz, dans des zones associées au contrôle de soi, à l'attention et à la concentration. Selon les chercheurs, ce serait grâce à ces ondes que les patients reprennent plus facilement le contrôle sur leur addiction. Ainsi, l’équipe de scientifiques suggère que la pratique de la méditation, grâce aux ondes thêta qu’elle induit, pourrait participer à diminuer les comportements d'addiction.

La stimulation crânienne pour mieux contrôler l'addiction ?

Mais si ce sont bien ces ondes, et non la pratique de la méditation elle-même, qui suscitent ces progrès, pourquoi ne pas les induire directement dans le cerveau ?

Il serait en effet possible de produire ces ondes thêta dans le cerveau frontal à l'aide de la stimulation magnétique transcrânienne, technique déjà pratiquée à l'hôpital afin de lutter contre les douleurs chroniques. Les recherches sur ce type d'approche sont actuellement en cours. Mais cette étude a le mérite d'offrir de nouvelles perspectives pour tenter de réduire les pensées obsédantes qui tourmentent les patients addicts.