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Démence

Alzheimer : anxiété et apathie, premiers signes de la maladie ?

Par Paul-Emile François

Les troubles neuropsychiatriques observés chez des patients atteints d'Alzheimer se développeraient indépendamment du processus de déclin cogniitif lié à cette maladie. 

comzeal/iStock
Les niveaux élevés de protéine bêta-amyloïde et tau, marqueurs d'Alzheimer, sont liés à des symptômes d'anxiété et d'apathie
Ces symptômes se développeraient parallèlement au déclin cognitif et n'en seraient pas la conséquence

Et si la perte de la mémoire n'était pas le premier signe de la maladie d'Alzheimer ? Une étude réalisée par des scientifiques suédois et publiée dans Biological Psychiatry montre que la présence des protéines bêta-amyloïde et tau, principaux marqueurs de la maladie, est associée à une augmentation de l'anxiété et de l'apathie des patients. Un constat qui bouleverse en effet le fait de voir dans la perte de mémoire le principal élément annonciateur d'Alzheimer.

Cet éclairage nouveau expliquerait pourquoi la plupart des personnes atteintes par cette maladie souffrent également de troubles neuropsychiatriques. Jusque-là, les scientifiques s'interrogeaient à propos de ces troubles : étaient-ils un effet direct de la maladie ou provenaient-ils des réactions psychologiques dues aux déficits cognitifs ? 

Anxiété et apathie liées à des niveaux plus élevés de protéine bêta-amyloïde et tau

La réponse a été trouvée par les chercheurs de l'université de Lund en Suède qui ont testé le liquide céphalo-rachidien pou le plasma sanguin de 356 adultes âgés mais sans troubles cognitifs pour y mesurer les niveaux de bêta-amyloïde et de protéine tau. Et chez les personnes qui avaient les niveaux les plus élevés de ces protéines, ils ont observé des niveaux eux aussi plus élevés d'anxiété et d'apathie. Ce qui les a amenés à la conclusion suivante : puisque des personnes sans troubles cognitifs mais souffrant d'anxiété et d'apathie abritaient les deux marqueurs -bêta-amyloïde et tau- d'Alzheimer, c'est que ces symptômes neuropsychiatriques se développaient indépendamment de la maladie d'Alzheimer et non en raison de la déficience cognitive. Même si l'étude montre qu'il existe d'une certaine façon un lien entre ces symptômes parce que la maladie d'Alzheimer "affecte de vastes zones du cerveau".

Déficit cognitif et troubles neuropsychiatriques peuvent se renforcer mutuellement

"Nos résultats renforcent l'idée que le déficit cognitif et les symptômes neuropsychiatriques peuvent se développer indépendamment, mais parallèlement les uns aux autres, qu'il ya une neuropathologie sous-jacente commune et que dans une certaine mesure ils peuvent également se renforcer mutuellement", précise le Pr Oskar Hansson, un des auteurs de ces travaux. Mais ce lien n'empêche pas John Crystal, rédacteur en chef de Biological Psychiatry de déclarer à propos de cette étude : " Nous sommes habitués à penser à la maladie d'Alzheimer du point de vue des troubles de la mémoire mais ces travaux montrent que les premiers signes de la pathologie liée à la protéine bêta-amyloïde peuvent être des changements d'humeur et l'apparition de comportements comme l'apathie ou l'anxiété".