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Pollution aux particules fines

Feux de forêts : y être exposé pendant une grossesse accroît le risque d’accouchement prématuré

Par Charlotte Arce

Contenant une quantité élevée de particules fines, la fumée des feux de forêt peut occasionner des accouchements avant la 37e semaine de grossesse chez les femmes enceintes qui la respirent.

LYagovy/iStock
L'exposition aux particules fines libérées par les feux de forêt peut déclencher une réaction inflammatoire, elle-même responsable de la naissance prématurée.
Une exposition à des niveaux élevés de particules fines pendant une semaine accroît de 3,4 % le risque d'accouchement prématuré.

De la Grèce au Var, en passant par l’Algérie, la Turquie ou encore la Bolivie, des incendies dévastateurs ont été observés ces dernières semaines, ravageant la faune et la flore et propageant sur des kilomètres des fumées toxiques. Ces fumées persistent longtemps dans l’atmosphère. Elles peuvent non seulement endommager le cœur et les poumons et déclencher des maladies respiratoires allergiques et inflammatoires, mais aussi accroître le risque d’accouchement prématuré.

C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par l’université de Stanford (États-Unis) et publiée dans la revue Environmental Research. Selon ses auteurs, jusqu'à 7 000 naissances prématurées supplémentaires en Californie sont attribuables à l'exposition à la fumée des feux de forêt entre 2007 et 2012. Ces naissances ont eu lieu avant 37 semaines de grossesse, ce qui augmente le risque de complications neurodéveloppementales, gastro-intestinales et respiratoires, voire de décès.

Un niveau élevé de particules fines dans l’air

De précédentes études ont établi que la fumée des feux de forêt contient des niveaux élevés de particules fines d’un diamètre de de 2,5 micromètres ou moins. Appelées PM2,5, ces particules en suspension dans l’air représentent environ 3 % du diamètre d’un cheveu humain et peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires, pénétrer dans le sang et altérer les organes vitaux.

Selon les auteurs, l'une des explications possibles du lien entre l'exposition à la fumée des feux de forêt et les naissances prématurées est que la pollution peut déclencher une réaction inflammatoire qui déclenche ensuite l'accouchement. Pour vérifier cette hypothèse, ils ont d’abord analysé les données satellitaires des panaches de fumée de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) pour identifier les jours de fumée enregistrés en Californie en 2020 Ils ont ensuite associé ces données à des estimations de la pollution au niveau du sol par les PM 2,5, élaborées à l'aide d'un algorithme. Ils ont enfin extrait des données des registres des naissances de Californie.

Un risque accru de 3,4 % pour une semaine d’exposition à la fumée

Même prenant en compte d’autres facteurs de risque de naissance prématurée, les chercheurs ont constaté que chaque jour supplémentaire d'exposition à la fumée pendant la grossesse augmentait le risque de naissance prématurée. Ainsi, une semaine complète d'exposition se traduit par un risque accru de 3,4 % par rapport à une mère non exposée à la fumée des feux de forêt.

Ce risque de naissance prématurée est encore plus important si l'exposition à la fumée a lieu au cours du 2e trimestre de grossesse.

"Notre travail, ainsi qu'un certain nombre d'autres articles récents, montre clairement qu'il n'y a pas de niveau d'exposition sans danger aux particules. Toute exposition supérieure à zéro peut aggraver les effets sur la santé, affirme Marshall Burke, économiste de l'environnement à Stanford et co-auteur l’étude. Même si, en tant que société, il sera extrêmement difficile d'éliminer totalement tous les polluants de l'air, nos recherches suggèrent que de nouvelles réductions des principaux polluants en dessous des niveaux "acceptables" actuels pourraient être massivement bénéfiques pour la santé publique."