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Polémique

Nouveaux anticoagulants : la HAS fixe les règles

Par Julian Prial

Comme les AVK, les nouveaux anticoagulants exposent aussi à la survenue d'accidents hémorragiques. Ils sont donc uniquement une alternative dans la prévention des phlébites.

JAUBERT/SIPA

L’alerte du syndicat des jeunes biologistes sur les risques des nouveaux anticoagulants oraux a provoqué un vent de panique. Des patients à risque de thrombose prenant l’un des trois médicaments mis en cause (Pradaxa, Xarelto et Eliquis) s’inquiètent. Depuis vendredi, certains cardiologues sont déjà submergés de questions de la part de leurs patients qui veulent arrêter leur traitement. L’Agence nationale de sécurité (ANSM) du médicament essaie donc depuis plusieurs jours d’éteindre ce début d’incendie.
Pourtant, ces nouveaux anticoagulants (NACOs) sont bien connus des cardiologues. Ils sont apparus sur le marché français fin 2011. Ces médicaments empêchent le sang de former des caillots, ils sont donc indiqués dans la prévention des phlébites (par exemple après une intervention chirurgicale), des embolies ou des accidents vasculaires cérébraux dans l’indication fibrillation auriculaire. Leur « mode d’action, précise l’Ansm, diffère de celui des antivitamines K (AVK) », qui restent le traitement de référence dans la fibrillation auriculaire non valvulaire. En effet, cet été, la Haute autorité de santé (HAS) a rappelé que les autres anticoagulants oraux représentent seulement une alternative au traitement de référence. Mais pourquoi ?

 

Avant l’arrivée sur le marché de ces nouvelles molécules, la prévention de la thrombose était assurée par les AVK. Ils sont efficaces mais nécessitent une surveillance très étroite de la coagulation avec une prise de sang tous les 15 jours. L’avantage des nouveaux anticoagulants est de ne plus nécessiter ce suivi biologique si régulier. « Néanmoins, rappelle l’Ansm, leur utilisation peut être associée, comme pour tout anticoagulant, à la survenue de complications hémorragiques, parfois graves. »
De son côté, dans une fiche de bon usage du médicament à destination des médecins, publiée à la fin du mois de juillet, la Has indiquait qu'on ne dispose pour l’instant d’aucun moyen de mesurer en pratique courante le degré d’anticoagulation que ces NACOs induisent. Les tests d’hémostase courants ne reflètent pas le niveau d’anticoagulation.
Par ailleurs, « du fait de la brièveté de leur demi-vie, plus courte que celle des AVK, l'action des nouveaux anticoagulants est très sensible à l’oubli d’une prise », précisait l'Autorité. Enfin, elle concluait en soulignant qu'il n’existe « pour l’instant pas d’antidote en cas de surdosage. » 


Pour toutes ces raisons, ces médicaments font l’objet d’un suivi national de pharmacovigilance depuis leur mise sur le marché et d’une surveillance étroite au niveau européen.