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Perception de la douleur

Pourquoi les roux ont des seuils de douleur différents

Par Jean-Guillaume Bayard

Les personnes aux cheveux roux ont une sensibilité altérée à certains types de douleur en raison de la présence d’une forme différente d’un récepteur sur les cellules pigmentaires de la peau.

yourstockbank/iStock
Le récepteur de la mélanocortine agit sur des molécules qui jouent sur la perception de la douleur.
Chez les personnes rousses, ce récepteur est inhibé, ce qui élève automatiquement le seuil de douleur.
Ces récepteurs sont également impliqués dans le bronzage et expliquent pourquoi les roux bronzent moins.

Les personnes rousses seraient moins sensibles à la douleur. Des chercheurs américains du Massachusetts General Hospital (MGH) suggèrent que cette particularité serait causée par la présence d’une mutation sur le récepteur de la mélanocortine-1 (MC1R) présent sur les cellules pigmentaires de la peau qui est impliqué dans la perception de la douleur. Les résultats ont été présentés dans un article scientifique publié le 2 avril dans la revue Science Advances.

Le mécanisme décrypté

Les chercheurs ont testé les seuils de douleur chez des souris aux cheveux roux qui possèdent la mutation sur le récepteur de la mélanocortine-1. Ils ont découvert que sans cette fonction, le seuil de la douleur apparaît plus élevée. Cela s’explique par les cellules pigmentaires de la peau, les mélanocytes, des animaux qui secrètent des niveaux inférieurs d'une molécule appelée POMC - pour proopiomélanocortine. Cette molécule joue un rôle important dans la sensibilité à la douleur puisqu’elle permet de maintenir un équilibre entre les récepteurs opioïdes qui inhibent la douleur et des récepteurs de la mélanocortine qui améliorent la perception de la douleur. Par conséquent, les faibles niveaux de POMC font qu’il y a plus de signaux qui arrivent aux récepteurs opioïdes, ce qui élève automatiquement le seuil de douleur. 

Ces résultats décrivent le mécanisme derrière les preuves antérieures suggérant des seuils de douleur variés en fonction de la pigmentation de la peau, explique David Fisher, auteur principal de l’étude. La compréhension de ce mécanisme permet de valider ces preuves antérieures et une reconnaissance précieuse pour le personnel médical lorsqu'il s'occupe de patients dont la sensibilité à la douleur peut varier.” Les chercheurs ajoutent que ces résultats permettent de concevoir de nouveaux médicaments qui inhibent les récepteurs de la mélanocortine impliqués dans la détection de la douleur. 

Ces récepteurs expliquent aussi le bronzage

L'incapacité des personnes aux cheveux roux à bronzer ou à assombrir leur pigment cutané est également attribuable à des variantes inactives du récepteur de la mélanocortine. Ce récepteur est responsable du passage de la production de pigment de mélanine jaune et rouge à celle de pigment de mélanine brune et noire dans les mélanocytes.