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Santé mentale

Dépression, anxiété, solitude : les étudiants en première ligne

Par Diane Cacciarella

Avec le crise de la Covid-19 et les restrictions qui y sont liées, les étudiants sont, plus que jamais, touchés par la dépression, l’anxiété et la solitude. Ces états ont des répercussions sur leurs résultats scolaires. 

Maria Korneeva/iStock
83 % des 33 000 étudiants interrogés estiment que leur état psychologique a des répercussions sur leurs résultats scolaires.
Pour les auteurs de l'étude, il est urgent de mettre en place des dispositifs et des pédagogies spécifiques pour répondre aux besoins des étudiants en matière de santé mentale. Le rôle des professeurs est ainsi primordial dans la prise en charge de la santé mentale des étudiants.
Pour éviter le décrochage scolaire, des mesures simples, comme adapter l'heure de rendu des devoirs, ou la mise en place sur les campus de ressources pour la santé mentale et le bien-être, peuvent être mises en place.

Restrictions sociales, facultés fermées, difficultés financières… La crise de la Covid-19 a touché de nombreux étudiants dans le monde entier. Pour beaucoup, le moral est au plus bas et leur santé mentale inquiétante. Beaucoup souffrent de solitude, d’anxiété et même de dépression. Selon une étude réalisée par l’université de Boston, aux États-Unis, la majorité - très exactement 83 % - des 33 000 étudiants questionnés à travers tout le pays estiment que leur état psychologique a des répercussions sur leurs performances et sur leurs résultats scolaires. Une situation alarmante, jamais vue et qui concerne de plus en plus de jeunes. En effet, selon cette même étude, la dépression et l’anxiété continuent d’augmenter chez les étudiants, avec des records historiques. À l’automne 2020, la moitié d’entre eux était concerné par l’un de ces deux états. Autre résultat inquiétant : les deux tiers souffraient de solitude et se sentaient isolés. Aux États-Unis, les chercheurs estiment que les raisons de ces résultats sont multiples : l'augmentation des facteurs de stress dus à la crise sanitaire, mais aussi les troubles politiques, le racisme et les inégalités sociales. 

Sensibiliser les professeurs pour qu’ils soient plus attentifs

Selon les auteurs de l’étude, les différents corps enseignants devraient mettre en place des dispositifs et des pédagogies spécifiques pour répondre aux besoins des étudiants en matière de santé mentale. "Le corps professoral doit faire preuve de souplesse dans les délais (de rendu des devoirs) et rappeler aux étudiants que leur talent n'est pas uniquement démontré par leur capacité à obtenir la meilleure note au cours d'un semestre difficile", souligne Sarah Ketchen Lipson, chercheuse en santé mentale à l'université de Boston et co-chercheuse principale de l'enquête nationale. Selon elle, de petits changements pourraient préserver la santé mentale des étudiants. Les professeurs pourraient, par exemple, fixer l’heure des rendus des devoirs à 17h, plutôt que minuit ou 9h qui sont des horaires qui les incitent à se coucher tard ou à rogner sur leur temps de sommeil. "Même dans les classes plus importantes, où la sensibilisation est plus difficile, les professeurs peuvent envoyer des courriels à l'échelle de la classe pour renforcer l'idée qu'ils se soucient de leurs élèves non seulement en tant qu’élèves mais aussi en tant que personnes, et en diffusant des informations sur les ressources du campus pour la santé mentale et le bien-être", poursuit la chercheuse. Et si un élève manque un cours, le professeur pourrait aussi lui envoyer un mail personnellement pour lui demander comment il va. 

Offrir une prise en charge gratuite à tous les étudiants

Certains élèves sont plus à risque d’avoir des problèmes liés à la Covid-19. "Les étudiants de couleur et les étudiants à faible revenu sont plus susceptibles de perdre un être cher à cause de la Covid-19", rappelle Sarah Ketchen Lipson. Ils sont également "plus susceptibles d'être confrontés à des difficultés financières". Le but est d’éviter le décrochage scolaire par des attentions particulières des professeurs mais aussi en proposant des services de prises en charge au sein des lieux d’étude, gratuits et donc ouverts à tous. "Souvent, les étudiants ne chercheront de l'aide que lorsqu'ils se trouvent dans une crise de santé mentale, nécessitant des ressources plus urgentes", affirme la chercheuse. Mais comment pouvons-nous créer des systèmes pour favoriser le bien-être avant qu'ils n'atteignent ce point? (...)Tous les élèves devraient recevoir une éducation en santé mentale, idéalement dans le cadre du programme requis."

 L’étude a souligné un écart de traitement important des problèmes de santé mentale des élèves, souvent dus à des difficultés financières. Ceux qui en ont le plus ne perçoivent pas les soins nécessaires au bon moment, ce qui peut avoir de graves conséquences. "Les années de vie universitaire correspondent généralement à l'âge d'apparition des maladies mentales à vie", conclut Sarah Ketchen Lipson. Raison de plus pour développer la prévention et la détection des maladies mentales au sein des universités. 

Si l’étude ne concerne que les étudiants, les auteurs estiment enfin que les problèmes de santé mentale augmentent dans l’ensemble de la population américaine, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes.